lundi 25 février 2013

Rousseau et Rogers: l'expérience en pédagogie



J.J ROUSSEAU 1712 - 1778
C.R ROGERS 1902 - 1987


    
 L’expérience est l’autorité suprême ( ni bible, ni prophète, ni dieu, ni Freud) ne sauraient prendre le pas sur mon expérience directe.

La nature fondamentale de l’être humain, lorsque celui-ci fonctionne sans-entraves, est quelque chose de positif, de constructif et qu’elle mérite notre confiance. J’éprouve peu de sympathie pour l’idée généralement répandue que l’homme est fondamentalement déraisonnable et que dès lors ses pulsions, à moins d’être contrôlées, le conduisent nécessairement à sa propre destruction comme à celle d’autrui.













Ces thèses, signifient en effet ni que l’enfant n’exerce pas son jugement, ni qu’il n’a aucune idée de ce qui lui est dû. Mais sa raison est « sensitive », c’est à dire qu’elle s’applique avant tout aux apprentissages des sens et à l’expérience concrète, pour apercevoir puis mesurer les vrais rapports des choses matérielles : la raison ne porte pas sur ce qui constitue son domaine propre pour l’adulte, c’est à dire les devoirs de l’homme et du citoyen.


Les défauts qui, chez la plupart d’entre-nous, ne nous permettent pas de nous fier à ce processus sont l’inclusion de matériaux non existentiels ou bien l’absence de données ? C’est lorsque la mémoire ou les apprentissages antérieurs sont introduits dans le calcul comme s’ils étaient la réalité actuelle, et non comme mémoire et apprentissages antérieurs, que des comportements erronés apparaissent. fonctionnement de son organisme, non que celui-ci soit infaillible, mais parce qu’ainsi lui-même peut être ouvert à toutes les conséquences de ses actions et qu’il peut rectifier ces dernières si, à l’expérience, elles se révèlent insatisfaisantes.

Il y a deux modes d’apprentissage :

-L’enseignement qui devient une vaine tentative de retenir une matière qui n’a pas de signification personnelle pour l’étudiant. Un tel apprentissage n’engage que l’esprit. Il n’implique la présence ni des sentiments, ni des significations personnelles, il ne touche pas la totalité de la personne.

-A l’opposé, il existe un autre apprentissage, qui est « expérientiel », important pour la personne et lourd de signification.







La perfectibilité : Une faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres. Cette sorte de méta faculté articule donc les virtualités de la nature humaine, qui sont muettes à l’origine, et les diverses circonstances qui sont les causes occasionnelles de leur actualisation.


Avoir confiance dans l’être humain :

J’ai foi dans la capacité de l’homme de développer ses propres potentialités, alors je puis lui permettre de choisir sa propre voie et de se diriger lui-même dans sa formation ; je puis alors aussi lui en fournir de nombreuses occasions.
Tout organisme est animé d’une tendance inhérente à développer toutes ses potentialités et à les développer de manière à favoriser sa conservation et son enrichissement. L’opération de la tendance actualisante à pour effet de diriger le développement de « l’organisme » dans le sens de son autonomie et de l’unicité.


Je voudrais qu’il fût lui-même enfant, (parlant du gouverneur) s’il était possible, qu’il pût devenir le compagnon de son élève, et s’attirer sa confiance en partageant ses amusements.
Au reste, j’appelle plutôt gouverneur que précepteur le maître de cette science ; parce qu’il s’agit moins pour lui d’instruire que de conduire. Il ne doit point donner de préceptes, il doit les faire trouver.


J’éprouve une réaction négative envers l’enseignement. Enseigner ou transmettre des connaissances garde un sens dans un environnement qui ne change pas. C’est pourquoi pendant des siècles cette fonction n’a pas été remise en question. L’homme moderne vit dans un monde qui change sans arrêt.
Pour moi, faciliter l’apprentissage, c’est permettre à chacun de trouver des réponses constructives, provisoires, mouvantes et dynamiques à certaines des inquiétudes les plus profondes qui préoccupent l’homme d’aujourd’hui.



Les premiers pleurs des enfants sont des prières :si l’on n’y prend garde, ils deviennent bientôt des ordres ; ils commencent par se faire assister, ils finissent par se faire servir. Ainsi de leur propre faiblesse, d’où vient d’abord le sentiment de leur dépendance, naît ensuite l’idée de l’empire et de la domination mais cette idée étant moins excitée par leurs besoins que par nos services, ici commencent à se faire apercevoir les effets moraux dont la cause immédiate n’est pas dans la nature ; et l’on voit déjà pourquoi, dés ce premier âge, il importe de démêler l’intention secrète qui dicte le geste et le cri.
Ainsi quand un enfant désire quelque chose qu’il voit et qu’on veut lui donner ; il vaut mieux porter l’enfant à l’objet que d’apporter l’objet à l’enfant.



Cependant il se souviendra de ce qu’il faut faire pour être flatté ; et il sait une fois vous occuper de lui à sa volonté, le voilà devenu votre maître : tout est perdu.


L’âme et le corps se mettent, pour ainsi dire en équilibre et la nature ne nous demande plus que le mouvement nécessaire à notre conservation.











Notre manie enseignante et pédantesque est toujours d’apprendre aux enfants ce qu’ils apprendraient beaucoup mieux d’eux-mêmes et d’oublier ce que nous aurions pu seuls leur enseigner.

En reprenant à notre compte les conceptions d’autrui comme si elles étaient nôtres, nous perdons le contact avec la sagesse potentielle de notre propre fonctionnement et perdons confiance en nous-mêmes. Nous avons divorcé d’avec nous-même et ceci rend compte pour une grande part de la tension et de l’insécurité de la vie moderne.
Ce désaccord fondamental entre les conceptions de quelqu’un et son expérience personnelle, entre la structure intellectuelle de ses valeurs et le processus d’évaluation qui se déroule à son insu, en lui, compte pour une bonne part dans l’aliénation fondamentale de l’homme moderne par rapport à lui-même.
Mon expérience m’a montré que je ne puis pas enseigner à quelqu’un d’autre comment enseigner.
Il me semble que tout ce qui peut être enseigné à quelqu’un est relativement peu important et n’exerce guère ou pas d’influence significative sur son comportement
Je m’aperçois de plus en plus clairement que je ne m’intéresse qu’à des apprentissages qui exercent une réelle influence sur le comportement.
J’ai finalement l’impression que le   seul apprentissage qui influence le comportement d’un individu est celui qu’il découvre lui-même et qu’il s’approprie.
Cet apprentissage découvert par l’individu lui-même, cette vérité qu’il s’est appropriée et qu’il a assimilée au cours d’une expérience vécue ne peut-être communiquée à autrui.
Je m’aperçois en conséquence de ce qui précède que je ne trouve plus aucun intérêt à être enseignant.




Que faut-il donc penser de cette éducation barbare qui sacrifie le présent à un avenir incertain, qui charge un enfant de chaînes de toute espèce, et commence par le rendre misérable, pour lui préparer au loin je ne sais quel prétendu bonheur dont il est à croire qu’il ne jouira jamais.

J’entends de loin les clameurs de cette fameuse sagesse qui nous jette incessamment hors de nous, qui compte le présent pour rien, et, poursuivant sans relâche un avenir qui fuit à mesure que l’on avance, à force de nous transporter où nous ne sommes pas, nous transporte où nous ne serons jamais.
Pourquoi lui donner vous plus de maux que son état n’en comporte, sans être sûr que ces maux sont à la décharge de l’avenir ?



Les affections de nos âmes, ainsi que les modifications de nos corps, sont dans un flux continuel.

Au contraire, plus l’homme est resté près de sa condition naturelle, plus la différence de ses facultés à ses désirs est petite, et moins par conséquent il est éloigné d’être heureux.



Nous pouvons dire qu’il y a dans tout organisme, à quelque niveau que cela soit, un flux sous-jacent de mouvement vers la réalisation constructive des possibilités qui lui sont inhérentes







Gardez-vous de donner à l’enfant de vaines formules de politesse, qui lui servent au besoin de paroles magiques pour soumettre à ses volontés tout ce qui l’entoure, et obtenir à l’instant ce qu’il lui plaît.
Savez-vous quel est le plus sûr moyen de rendre votre enfant misérable ? C’est de l’accoutumer à tout obtenir car ses désirs croissent incessamment par la facilité de les satisfaire, tôt ou tard l’impuissance vous forcera malgré vous d’en venir au refus ; et ce refus inaccoutumé lui donnera plus de tourment que la privation même de ce qu’il désire.



De toutes les facultés de l’homme, la raison, qui n’est pour ainsi dire qu’un composé de toutes les autres, est celle qui se développe le plus difficilement et le plus tard ; et c’est de celle là qu’on veut se servir pour développer les premières. Le chef d’œuvre d’une bonne éducation est de faire un homme raisonnable et l’on prétend élever un enfant par la raison : c’est commencer par la fin, c’est vouloir faire l’instrument de l’ouvrage.





Ce dont il doit s’abstenir, ne lui défendez pas ; empêchez-le de le faire, sans explications, sans raisonnements ; ce que vous lui accordez, accordez le à son premier mot, sans sollicitations, sans prières, surtout sans conditions. Accordez avec plaisir, ne refusez qu’avec répugnance ; mais que tous vos refus soient irrévocables ; qu’aucune importunité ne vous ébranle ; que le non prononcé soit un mur d’airain, contre lequel l’enfant n’aura pas épuisé cinq ou six fois ses forces, qu’il ne tentera plus de renverser.
Ne donnez à votre élève aucune espèce de leçon verbale ; il n’en doit recevoir que de l’expérience.




Il est donc clair que le mensonge de fait n’est pas naturel aux enfants ; mais c’est la loi de l’obéissance qui produit la nécessité de mentir ; parce que l’obéissance étant pénible, on s’en dispense en secret le plus qu’on peut, et que l’intérêt présent d’éviter le châtiment ou le reproche l’emporte sur l’intérêt d’exposer la vérité.




Jeune instituteur, je vous prêche un art difficile, c’est de gouverner sans préceptes, et de tout faire en ne faisant rien. Cet art, j’en conviens n’est pas de votre âge : il n’est pas propre à faire briller d’abord vos talents, ni à vous faire valoir auprès de vos pairs, mais c’est le seul propre à réussir.




Nous savons que la mise en route d’une pédagogie de ce genre ne repose pas sur les capacités didactiques du professeur, ni sur…, ni sur….même si tout cela peut être utilisé avec grand profit. Non, pour favoriser un apprentissage valable, il est indispensable qu’il existe entre l’apprenti et celui qui veut faciliter son apprentissage une relation interpersonnelle qui implique certaines qualités d’attitude.











Comme tout ce qui entre dans l’entendement humain y vient par les sens, la première raison de l’homme est une raison sensitive ; c’est elle qui sert de base à la raison intellectuelle, nos premiers maîtres de la philosophie sont nos pieds, nos mains, nos yeux. Substituer des livres à tout cela, ce n’est pas nous apprendre à raisonner, c’est nous apprendre à nous servir de la raison d’autrui, c’est apprendre à beaucoup croire, et à ne jamais rien savoir.





Les êtres humains ont en eux une capacité naturelle d’apprendre.

Un apprentissage valable a lieu lorsque son objet est perçu par l’étudiant comme ayant un rapport avec ses projets personnels.

L’apprentissage qui implique un changement dans l’organisation du moi, ou dans la perception du moi, est ressenti comme menaçant, et on tend à y résister.

Ces apprentissages qui sont perçus comme menaçants pour le moi sont plus facilement perçus et assimilés lorsque les menaces extérieures sont réduites au minimum.

Lorsque la menace contre le moi est faible, l’expérience vécue peut-être perçue dans ses nuances et l’apprentissage peut avoir lieu.

On apprend beaucoup et valablement dans l’action.

L’apprentissage est facilité lorsque l’étudiant détient une part de responsabilité dans la méthode.

Un enseignement auto-déterminé qui engage la personne tout entière avec ses sentiments autant qu’avec son intelligence est celui qui pénètre le plus profondément et qui est retenu le plus longtemps.

L’indépendance de l’esprit, la créativité, la confiance en soi sont facilités lorsque l’autocritique et l’auto évaluation sont considérées comme fondamentales et que l’évaluation par autrui est vue comme secondaire.

L’enfant ou l’adolescent qui, à l’école comme à la maison est dépendant des évaluations faites par les autres court le risque de rester dépendant toute sa vie et immature, ou bien de devenir révolté sans arrêt contre toute évaluation et tout jugement externes.

Dans le monde d’aujourd’hui, l’apprentissage le plus utile socialement, c’est l’apprentissage des processus d’apprentissage, c’est aussi d’apprendre à rester toujours ouvert à ses propres expériences et à intégrer en soi le processus même du changement.



Plein de l’enthousiasme qu’il éprouve, le maître veut le communiquer à l’enfant : il croit l’émouvoir en le rendant attentif aux sensations dont il est ému lui-même. Pure bêtise ! c’est dans le cœur de l’homme qu’est la vie du spectacle de la nature ; pour voir, il faut sentir.

Il ne s’agit point de lui enseigner les sciences, mais de lui donner le goût pour les aimer et des méthodes pour les apprendre quand ce goût sera mieux développé. Principe de toute bonne éducation.



Tenez donc toujours l’œil au guet, et, quoi qu’il arrive, quittez tout avant qu’il s’ennuie ; car il importe jamais autant qu’il apprenne, qu’il importe qu’il ne fasse rien malgré lui.



Un processus organismique dans lequel chaque élément, chaque moment de l’expérience est en quelque sorte pesé, choisi ou rejeté, selon qu’il tend à ce moment là, d’actualiser ou non l’organisme.



Il faut avoir moins d’égard aux mots qu’il prononce qu’au motif qui le fait parler. Cet avertissement jusqu’ici moins nécessaire, devient de la première importance aussitôt que l’enfant commence à raisonner.



Compréhension empathique :
Elle consiste en la perception correcte du cadre de référence d’autrui avec les harmoniques subjectives et les valeurs personnelles qui s’y attachent.
C’est percevoir le monde subjectif d’autrui « comme si » on était cette personne.




Sans contredit on prend des notions bien plus claires et bien plus sûres des choses qu’on apprend ainsi de soi-même, que celles qu’on teint des enseignements d’autrui ; et outre qu’on accoutume point sa raison à se soumettre servilement à l’autorité, l’on se rend plus ingénieux à trouver des rapports, lier des idées, à inventer des instruments, que quand adoptant tout cela tel qu’on nous le donne, nous laissons affaisser notre esprit dans sa nonchalance, comme le corps d’un homme qui, toujours habillé, chaussé, servi par ses gens et traîné par ses chevaux, perd à la fin la force et l’usage de ses membres.

Plus nos outils sont ingénieux, plus nos organes deviennent grossiers et maladroits ; à force de rassembler des machines autour de nous, nous n’en trouvons plus en nous-même.



Qu’est-ce qu’un apprentissage expérientiel et significatif ?
-         Un engagement personnel :C’est la personne tout entière qui se trouve impliquée dans ses dimensions cognitives et affectives.
-         L’initiative de l’apprenti :Même lorsque l’existant vient de l’extérieur, l’impression de découvrir, d’atteindre, de saisir et de comprendre vient de l’intérieur.
-         Un apprentissage en profondeur :Il change quelque chose dans le comportement, les attitudes, peut-être dans la personnalité même de l’apprenti.
-         Il est évalué par l’apprenti lui-même : Celui-ci sait bien si l’apprentissage     rencontre sa demande, le conduit à ce que lui-même veut connaître et si cela éclaire la zone d’ignorance qu’il est en train d’explorer.
Un tel apprentissage est essentiellement signifiant :Lorsqu’il se produit sa signification est ancrée dans l’expérience tout-entière





Nos vrais maîtres sont l’expérience et le sentiment, et jamais l’homme ne sent bien ce qu’il convient à l’homme que dans les rapports où il s’est trouvé.


Une expérience faite par autrui ne saurait me servir de guide. Les jugements des autres bien que j’aie le devoir de les écouter et d’en tenir compte pour ce qu’ils sont, ne pourraient jamais me servir de guides, c’est là une leçon que j’ai eue du mal à comprendre.

Les processus de vie ne tendent pas essentiellement à préserver la vie, mais à transcender le statu quo momentané de l’organisme pour une expansion continuelle.  Cette force innée le met en direction de la différenciation, de l’autonomie et de la socialisation.









Si, sur la question de l’enfant, ne cherchant qu’à vous tirer d’affaire, vous lui donnez une seule raison qu’il ne soit pas état d’attendre, voyant que vous raisonnez sur vos idées et non sur les siennes, il croira ce que vous lui dites bon pour votre âge, et non pour le sien ; il ne se fiera plus à vous, et tout est perdu.



Pour moi, faciliter l’apprentissage, c’est permettre à chacun de trouver des réponses constructives, provisoires, mouvantes et dynamiques à certaines des inquiétudes les plus profondes qui préoccupent l’homme d’aujourd’hui.

Nous savons que la mise en route d’une pédagogie de ce genre ne repose pas sur les capacités didactiques du professeur, ni sur…, ni sur….même si tout cela peut être utilisé avec grand profit. Non, pour favoriser un apprentissage valable, il est indispensable qu’il existe entre l’apprenti et celui qui veut faciliter son apprentissage une relation interpersonnelle qui implique certaines qualités d’attitude.
















Songez bien que c’est rarement à vous de lui proposer ce qu’il doit apprendre ; c’est à lui de le désirer, de le chercher, de le trouver à vous de le mettre à sa portée, de faire naître adroitement ce désir et de lui fournir les moyens de le satisfaire.




Congruence de celui qui veut faciliter l’apprentissage.

La qualité essentielle et fondamentale qui est requise pour faciliter l’apprentissage est peut-être la congruence ou l’authenticité. Lorsque le « facilitateur » se trouve être une personne vraie, qui est authentique elle-même et qui entre dans une relation sans masque ni façade avec celui qui apprend, il y a beaucoup de chances que son action soit efficace. Cela implique que les sentiments qui s’agitent en lui peuvent remonter à la surface de sa conscience et qu’il est capable de vivre ses sentiments, qu’il est à même d’en faire le point s’il y a lieu. Du fait qu’il accepte ces sentiments comme les siens, il n’éprouve pas le besoin de les imposer à ses élèves. Il peut aimer ou ne pas aimer le travail de l’élève sans impliquer que ce travail est objectivement bon ou mauvais. Ainsi, le professeur est pour l’élève une personne, et non l’incarnation interpersonnelles des exigences du programme ni le tube stérile à travers lequel la science est transmise de génération en génération.

Considération, acceptation, confiance.

Il s’agit d’une sollicitude pour l’apprenti, mais sans rien de possessif. C’est une confiance de base, la foi dans cette autre personne comme en quelqu’un qui, d’une manière ou d’une autre, est fondamentalement digne de confiance.

Compréhension empathique.

C’est lorsque le professeur est capable de comprendre de l’intérieur les réactions d’un étudiant. Cette attitude qui consiste en quelque sorte à se mettre à la place de l’étudiant, à voir les choses avec ses yeux à lui, est pratiquement inconnue des salles de cours.
Les étudiants apprécient profondément le fait d’être simplement compris et non évalués ou jugés et d’être simplement compris à partir de leur point de vue et non à partir de celui du professeur.












Le seul qui fait sa volonté est celui qui n’a pas besoin, pour la faire, de mettre les bras d’un autre au bout des siens, d’où il suit que le premier de tous les biens n’est pas l’autorité, mais la liberté.

L’homme est libre.

Il y a en toute personne quelque-chose d’inaliénable qu’aucune science du psychisme ne peut enfermer, qu’aucune autorité extérieure ne doit manipuler, contrôler, diriger au nom de ses propres normes, buts ou vérités qu’il s’agisse du processus de la thérapie ou de ses choix d’existence.
 La personne détient en elle sa vérité, les clefs de son mieux être et les ressources pour y parvenir.

De quelle liberté s’agit-il ?
La liberté dont je parle est intérieure indépendamment des choix extérieurs ? C’est la découverte d’un sens qui vient de l’intérieur de soi-même, d’un sens qui vient d’une écoute sensible et accueillante à toute la complexité de ce que l’on vit en soi.
La liberté apporte une différence.

jeudi 7 février 2013

J.J Rousseau et la pédagogie


Le XVIII ème : « le siècle des lumières »
Jean Jacques Rousseau et la pédagogie

Dans les périodes précédentes ce qui saute aux yeux, c’est que l’enfant est défini non dans sa spécificité, mais seulement en tant qu’adulte en devenir. Ainsi le projet éducatif ne se structure pas en fonction de ce qui est bon pour l’enfant mais plutôt en fonction d’un modèle idéalisé de l’adulte.

Les questions suivantes ne sont pas abordées :

-         Qui est l’enfant ?
-         A t-il des besoins particuliers – si oui lesquels ?
-         A t-il une nature propre – si oui qu’est-ce qui le différencie de l’adulte ?
-         S’il possède une nature particulière, comment s’effectue le processus de développement qui mène de l’enfance à la maturité ?

Ce sont des questions auxquelles Rousseau apportera des réponses originales. Il sera appelé le Copernic de la pédagogie du fait qu’il ne placera plus l’adulte, mais l’enfant au cœur de l’éducation de même que Copernic avait décentré le monde des astres.

Le XVIII ème siècle des lumières :


Le siècle des lumières poussera jusqu’à ces limites ultimes à la fois les possibilités critiques de l’être humain face aux idées reçues et aux pouvoirs établis et la valorisation de la raison et de l’individualisme.

Qu’est-ce que le siècle des lumières ?

Il signifie le triomphe de la raison et de la rationalité dans trois champs de l’activité humaine : les sciences, les arts et la technique.

Fondamentalement optimiste, ont croit alors que le progrès et le bonheur peuvent être littéralement construits grâce à la raison.

L’axiome fondamental est à peu près le suivant : toute réalité matérielle ou morale est analysable.

Quelle idéologie anime ce siècle ?

Les penseurs et les philosophes opposent la raison à la foi, à l’autorité et à l’ignorance.

La raison est devenue non seulement une faculté humaine mais représente aussi une valeur désirable, inséparable de la recherche de la liberté.

La raison comme faculté critique :

La philosophie des lumières affirme haut et fort que l’homme peut se faire une idée rationnelle du monde indépendamment de la religion. ( L’athéisme se répand en Occident).
Elle s’oppose aux pouvoirs à ceux de l’église mais aussi à ceux des systèmes monarchiques des rois. Bien que possédant la raison, tous ne possèdent pas les outils pour l’exercer adéquatement. Ce sera la tâche de l’instruction.

La raison comme réalité positive :

La raison s’est imposée comme réalité positive car loin de se confiner à la seule critique des institutions existantes, elle oeuvra sur les droits de l’individu, les droits collectifs et l’universalité du genre humain. Tout cela participe bien sûr au principe moteur de tout régime démocratique.

Siècle du progrès et de la science :

La raison ne sert pas seulement à comprendre le monde, mais aussi à agir sur lui. C’est la possibilité de contrôle sur le monde de l’être humain, en vue de le dominer et de le plier à sa volonté.

Siècle des philosophes :

Ils possèdent une arme redoutable : l’Encyclopédie ou le dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des techniques.

La consolidation de l’économie de marché :

Il s’étend un mode de production reposant sur l’économie de marché. Ce système est essentiel à la richesse des nations européennes. (commerce avec l’Afrique et l’Amérique)

Siècle des bouleversements politiques et des révolutions :

-         La guerre de sept ans qui opposera la France et l’Angleterre ( 1757 – 1763 ) et dont le Canada était l’un des enjeux.

-         La conquête des régions Baltique (1689 – 1726 ) et de la mer Noire (1762 – 1796 ) par les Russes qui en chassent les Turcs, la guerre de succession en Pologne ( 1733 – 1739 ), la guerre de succession en Autriche ( 1740 – 1748 ), les partages de la Pologne entre la Russie et l’Autriche ( 1772 – 1793 – 1795 ).

-         La révolution américaine ( 1776 – 1783 ) et la révolution française en 1789

Jean Jacques Rousseau : le personnage et son œuvre :

Né le 28 juin 1712 en Suisse, dans la ville de Genève d’un père protestant horloger et d’une mère qui décéda à sa naissance.
En 1762, la publication de l’Emile réveille la haine de ses ennemis et doit alors s’enfuir en Suisse, puis il se réfugie en Angleterre chez le philosophe Hume.

Les apports intellectuels de Rousseau à son siècle :

Il est un des fondateurs de la pensée politique moderne. Dans son ouvrage « Du contrat social ou principes du droit politique » il prône l’égalité de tous les êtres humains et fonde l’ordre politique sur l’idée du contrat passé entre les citoyens. Il est novateur en matière de littérature, doublé d’un compositeur et d’un théoricien de la musique. Il compose un opéra en 1752 ( le divin du village) et un traité théorique ( lettre sur la musique française en 1753)
Il est individualiste puisque pour lui l’individu est le fondement de l’ordre social. Il soutient que la liberté est une caractéristique propre de tout être humain : tous naissent libres et égaux.

Ayant souffert de la société, Rousseau la juge globalement nuisible pour l’être humain.

Du contrat social ou principes du droit politique (1762) :

Il s’agit d’un pacte d’association où chaque individu s’engagerait volontairement envers l’ensemble de ses semblables, renonçant en cela à sa liberté individuelle naturelle. En retour, la société lui assurerait le statut de Citoyen. ( égalité juridique et morale et liberté civile)

La pensée éducative de Rousseau :

-         l’enfant est un être humain à l’état de nature ( non dénaturé par la société),
-         L’éducateur aura pour tâche de former un individu en harmonie avec son milieu.
-         Eduqué selon la nature, l’enfant apprend la nécessité des choses sans l’arbitraire des hommes.

Les principes Rousseauiste :

L’homme n’est un moyen mais une fin et cela passe par trois étapes d’éducation :

-         celle qui vient de la nature ( développement des facultés et des organes)
-         celle qui vient des hommes (usages de ce développement)
-         celle qui vient des choses ( l’expérience sur les objets)

L’éducation ne doit pas  superposer à l’enfant une culture comme seconde nature artificielle, mais laisser l’enfant se développer librement sans entraver son développement.

Les lois dans l’éducation de J.J Rousseau :

Première loi psychologique : la nature a fixé les lois nécessaires au développement de l’enfant.

Corollaire pédagogique : L’enseignant doit respecter la marche de l’évolution mentale de l’enfant.

Deuxième loi psychologique : l’exercice de la fonction la développe et prépare l’éclosion de fonctions ultérieures.

                        Corollaire pédagogique : L’enseignant doit laisser agir la fonction selon son mode qu’il contrôle, qu’il guide mais qui ne l’écrase pas par des raisonnements autant livresques et théoriques prématurés.

Troisième loi psychologique : l’action naturelle est celle qui tend à satisfaire l’intérêt ou le besoin de l’enfant.

                        Corollaire pédagogique : l’enseignant doit motiver l’enfant à apprendre.

Les conséquences éducatives des principes et des lois :

Il reçoit le titre de découvreur de l’enfance comme état fondamental de la vie, état distinct de l’existence adulte.
La psychologie qu’il propose s’appuie non sur des principes mais sur l’observation. Il soutient que le développement de l’enfant passe par différents stades :

-         l’âge des besoins (stade infantile)
-         l’âge du développement des désirs et des sens (l’âge de la puérilité)
-         l’âge du sens commun ou l’âge de raison (stade intermédiaire 12 – 15 ans)
-         L’âge du mariage, du travail, de la parentalité et de l’exercice du droit citoyen, après 20 ans.

L’enfant actif et responsable de son éducation :

Il s’agit en fait de fournir à l’enfant les outils nécessaires pour qu’il puisse connaître par lui-même (observation-expérimentation) afin de développer sa capacité de jugement.

Le but de l’éducation : former un être humain libre.

Ce qu’il faut former, ce n’est pas un type d’homme en particulier mais l’homme lui-même. Le but ultime de l’éducation est de former un homme libre. La liberté ne s’apprend pas, elle se déploie dans l’activité humaine. On ne peut apprendre à être libre, car la liberté est inscrite dans la nature même de l’être humain.

Manières d’éduquer : l’éducation négative.

« Jeune instituteur, je vous prêche un art difficile, c’est de gouverner sans préceptes et de tout faire en ne faisant rien. »

« Rendez votre élève attentif aux phénomènes de la nature, bientôt vous le rendrez curieux ; mais pour nourrir sa curiosité, ne vous pressez jamais de la satisfaire. Mettez les questions à sa portée et laissez les lui résoudre, qu’il ne sache rien parce que vous le lui avez dit, mais parce qu’il l’a compris lui-même, qu’il n’apprenne pas la science, qu’il l’invente. »

L’enfant apprend par sa propre expérience face aux choses. Il doit évoluer dans un monde purement physique, sans morale.

Dans cette perspective le rôle de l’éducateur consiste principalement à protéger l’élève contre les méfaits de la société, contre les influences néfastes de la culture et son cortège de corruptions et de préjugés.

Rousseau a donc élaboré une pédagogie active (l’enfant participe au processus), concrète et essentiellement utilitaire axée sur l’expérimentation. Il faut que l’enfant se plaise à s’instruire.
Tableau comparatif entre la pédagogie du XVIII ème et l’idéal formulé par Rousseau





La pédagogie établie au XVIII ème siècle


La formulation d’un nouvel idéal  selon par Rousseau

La conception de l’enfant ou de l’apprenant



La conception du maître ou de l’enseignant



L’enfant doit imiter le plus possible l’adulte, qui est son modèle. Sur le plan éducatif, l’enfant n’est donc qu’un moyen dont la fin réside dans l’adulte.

Le maître constitue le pôle important et actif de la relation pédagogique. L’enfant doit essentiellement écouter. Le savoir coule du maître vers l’élève.

L’enfant est son propre modèle. Il est naturellement bon et libre. Il est même meilleur que l’adulte, car ce dernier est corrompu par la civilisation.

Le maître constitue le pôle secondaire de la relation pédagogique. Il doit être au service de l’enfant. Le savoir naît de l’enfant.




Comment s’y prendre : les moyens proposés dans les écoles


Comment s’y prendre : les moyens proposés par Rousseau

La conception de l’apprentissage




L’apprentissage se fait de façon traditionnelle obéissante et imitation des modèles, sophistique et rhétoriques.

L’apprentissage part du principe que l’être humain possède en lui-même la raison. L’éducation cherche à favoriser le développement de l’homme complet