vendredi 5 août 2016

Carl Rogers: Liberté pour apprendre


En 1966 ( l’ARIP) Association pour la recherche et l’intervention psycho-sociologique ) avait organisé à Dourdan, au sud de Paris un séminaire animé par C.Rogers. C’est lors de cette occasion que Daniel le Bon lui suggère de publier les résultats de ses recherches.

En lisant et traduisant cet ouvrage, il est frappé par la convergence des pensées entre C.Rogers et Alfred Korzybski (fondateur de la sémantique générale). La même invitation à vivre dans l’ici et maintenant, le même souci de distinguer l’inférence de l’observation, une grande prudence dans l’établissement des liens de causalité , la priorité accordée à l’expérience primaire sur la réflexion isolée, une conception holistique de l’être humain considéré comme un tout « organismique », un intérêt pour les structures et singulièrement celles du langage, un même soin à formuler des définitions ouvertes.

Dans le domaine de l’enseignement, Rogers est parvenu à exprimer une théorie cohérente ce qui sous-tendait diverses recherches pédagogiques anglo-saxonnes depuis un quart de siècle au moins, celles d’Alexander Neil par exemple, chez qui l’apport psychanalytique  est finalement secondaire. On peut regretter qu’il ignore à peu prés complètement la recherche et la réflexion des auteurs de langue française. Les travaux de Célestin Freinet ou d’Ovide Décroly, la réflexion de André de Peretti ou de Ferdinand Oury. Pourtant les expériences, même « non directive » ne manquent pas :

-         Max Pagés, dans son cours de psychologie sociale à Rennes puis à Paris.
-         Jean Pierre Brugidou auprès d’adolescents caractériels.
-         Danièle Hameline et Marie Joëlle Dardelin en classe de terminale à Angers et Caen.

Voir Pierre-Bernard Marquet, directeur de la revue française l’Education et auteur d’un ouvrage « Carl Rogers » publié aux éditions Universitaires.



IL Y A DEUX MODES D’APPRENTISSAGE



1)    L’enseignement qui devient une vaine tentative de retenir une matière qui n’a pas de signification personnelle pour l’étudiant. Un tel apprentissage n’engage que l’esprit. Il n’implique la présence ni des sentiments, ni des significations personnelles, il ne touche pas la totalité de la personne.



2)    A l’opposé, il existe un autre apprentissage, qui est « expérientiel », important pour la personne et lourd de signification. ( Exemple du chaud pour l’enfant qui en fait l’expérience)

Marshall Mc Luhan rapporte d’un enfant de cinq ans qui est transporté à l’étranger et joue avec d’autres enfants librement, peut apprendre la langue en quelques mois et qu’il acquierra un accent correct. Si par contre vous lui faites donner des leçons fondées sur ce qui paraît important aux yeux du maître, vous constaterez que l’apprentissage est terriblement freiné, sinon arrêté.

DEFINITION


Qu’est-ce qu’un apprentissage expérientiel et significatif ?

-         Un engagement personnel :

C’est la personne toute entière qui se trouve impliquée dans ses dimensions cognitives et affectives.

-         L’initiative de l’apprenti:

Même lorsque l’existant vient de l’extérieur, l’impression de découvrir, d’atteindre, de saisir et de comprendre vient de l’intérieur.

-         Un apprentissage en profondeur :

Il change quelque chose dans le comportement, les attitudes, peut-être dans la personnalité même de l’apprenti.

-         Il est évalué par l’apprenti lui-même :

Celui-ci sait bien si l’apprentissage rencontre sa demande, le conduit à ce que lui-m^me veut connaître et si cela éclaire la zone d’ignorance qu’il est en train d’explorer.

-         Un tel apprentissage est essentiellement signifiant :

Lorsqu’il se produit sa signification est ancrée dans l’expérience tout-entière.
 

CREER UN CLIMAT DE LIBERTE



La relation interpersonnelle dans la facilitation de l’apprentissage


J’éprouve une réaction négative envers l’enseignement. Enseigner ou transmettre des connaissances garde un sens dans un environnement qui ne change pas. C’est pourquoi pendant des siècles cette fonction n’a pas été remise en question. L’homme moderne vit dans un monde qui change sans arrêt.

Pour moi, faciliter l’apprentissage, c’est permettre à chacun de trouver des réponses constructives, provisoires, mouvantes et dynamiques à certaines des inquiétudes les plus profondes qui préoccupent l’homme d’aujourd’hui.

Nous savons que la mise en route d’une pédagogie de ce genre ne repose pas sur les capacités didactiques du professeur, ni sur…, ni sur….même si tout cela peut être utilisé avec grand profit. Non, pour favoriser un apprentissage valable, il est indispensable qu’il existe entre l’apprentis et celui qui veut faciliter son apprentissage une relation interpersonnelle qui implique certaines qualités d’attitude.

Qualités qui facilitent l’apprentissage :

Congruence de celui qui veut faciliter l’apprentissage.

         La qualité essentielle et fondamentale qui est requise pour faciliter l’apprentissage est peut-être la congruence ou l’authenticité. Lorsque le « facilitateur » se trouve être une personne vraie, qui est authentique elle-même et qui entre dans une relation sans masque ni façade avec celui qui apprend, il y a beaucoup de chances que son action soit efficace. Cela implique que les sentiments qui s’agitent en lui peuvent remonter à la surface de sa conscience et qu’il est capable de vivre ses sentiments, qu’il est à même d’en faire le point s’il y a lieu. Du fait qu’il accepte ces sentiments comme les siens, il n’éprouve pas le besoin de les imposer à ses élèves. Il peut aimer ou ne pas aimer le travail de l’élève sans impliquer que ce travail est objectivement bon ou mauvais. Ainsi, le professeur est pour l’élève une personne, et non l’incarnation interpersonnelles des exigences du programme ni le tube stérile à travers lequel la science est transmise de génération en génération.


Considération, acceptation, confiance.

        Il s’agit d’une sollicitude pour l’apprenti, mais sans rien de possessif. C’est une confiance de base, la foi dans cette autre personne comme en quelqu’un qui, d’une manière ou d’une autre, est fondamentalement digne de confiance.

Compréhension empathique.

        C’est lorsque le professeur est capable de comprendre de l’intérieur les réactions d’un étudiant. Cette attitude qui consiste en quelque sorte à se mettre à la place de l’étudiant, à voir les choses avec ses yeux à lui, est pratiquement inconnue des salles de cours.

         Les étudiants apprécient profondément le fait d’être simplement compris et non évalués ou jugés et d’être simplement compris à partir de leur point de vue et non à partir de celui du professeur.


QUELS SONT LES FONDEMENTS DE CETTE ATTITUDE DE FACILITATION ?

Un des « nœuds » du problème :

         Il faut être proche de ses propres sentiments et capable d’en être conscient. Ensuite il faut prendre le risque de les exprimer tels qu’ils sont en nous, sans les déguiser en jugements et sans les attribuer à autrui.

Avoir confiance dans l’être humain :

         J’ai foi dans la capacité de l’homme de développer ses propres potentialités, alors je puis lui permettre de choisir sa propre voie et de se diriger lui-même dans sa formation ; je puis alors aussi lui en fournir de nombreuses occasions.

Vivre l’incertitude de la découverte :

         Les découvertes se font jour à travers les risques que l’on prend dans l’action fondée sur des hypothèses provisoires.


COMMENT EDIFIER LA LIBERTE?

Edifier sur des problèmes perçus comme réels.

Pour que l’apprentissage auto-déterminé ait lieu, il paraît essentiel que la personne soit confrontée avec un problème qu’elle perçoit comme réel pour elle.

Fournir les moyens.

L’utilisation des contrats.

Un dispositif « ouvert » qui donne à la fois une certaine sécurité et une réelle responsabilité dans une ambiance de liberté, c’est l’utilisation des contrats.

Division du groupe.

Si les étudiants sont libres, ils doivent être libre d’accéder passivement aussi bien que de prendre en main leur propre apprentissage.


« ENSEIGNER ET APPRENDRE » REFLEXIONS PERSONNELLES :

(Référence à Kierkegard)

-         Mon expérience m’a montré que je ne puis pas enseigner à quelqu’un d’autre comment enseigner.

-         Il me semble que tout ce qui peut être enseigné à quelqu’un est relativement peu important et n’exerce guère ou pas d’influence significative sur son comportement.

-         Je m’aperçois de plus en plus clairement que je ne m’intéresse qu’à des apprentissages qui exercent une réelle influence sur le comportement.

-         J’ai finalement l’impression que le seul apprentissage qui influence le comportement d’un individu est celui qu’il découvre lui-même et qu’il s’approprie.

-         Cet apprentissage découvert par l’individu lui-même, cette vérité qu’il s’est appropriée et qu’il a assimilée au cours d’une expérience vécue ne peut-être communiquée à autrui.

-         Je m’aperçois en conséquence de ce qui précède que je ne trouve plus aucun intérêt à être enseignant.

DE L’APPRENTISSAGE ET DE SA FACILITATION.

Comment se fait-il que quelqu’un apprenne ? Comment peut-on faciliter des apprentissages importants ? Quels principes fondamentaux sont implicites à l’apprentissage ?

1)    Les êtres humains ont en eux une capacité naturelle d’apprendre.

Tout apprentissage implique une certaine douleur en lien directe avec l’apprentissage lui-même ou qu’il s’agisse du désarroi lié à l’abandon de certains acquis antérieurs. (ex de l’apprentissage de la marche chez l’enfant)

2) Un apprentissage valable a lieu lorsque son objet est perçu par l’étudiant comme ayant un rapport avec ses projets personnels.

Disons que quelqu’un n’apprend d’une manière valable que ce qu’il perçoit comme pouvant conserver ou augmenter son propre moi.

3) L’apprentissage qui implique un changement dans l’organisation du moi, ou dans la perception du moi, est ressenti comme menaçant, et on tend à y résister.


4)    Ces apprentissages qui sont perçus comme menaçants pouyr le moi sont plus facilement perçus et assimilés lorsque les menaces extérieures sont réduites au minimum.

5)    Lorsque la menace contre le moi est faible, l’expérience vécue peut-être perçue dans ses nuances et l’apprentissage peut avoir lieu.

(exemple de l’enfant qui lit mal et que l’on oblige à lire à haute voie devant toute la classe)

6)    On apprend beaucoup et valablement dans l’action .

7)    L’apprentissage est facilité lorsque l’étudiant détient une part de responsabilité dans la méthode.

8)    Un enseignement auto-déterminé qui engage la personne toute entière avec ses sentiments autant qu’avec son intelligence est celui qui pénètre le plus profondément et qui est retenu le plus longtemps.

9)    L’indépendance de l’esprit, la créativité, la confiance en soi sont facilités lorsque l’autocritique et l’auto-évaluation sont considérées comme fondamentales et que l’évaluation par autrui est vue comme secondaire.

L’enfant ou l’adolescent qui, à l’école comme à la maison est dépendant des évaluations faites par les autres courts le risque de rester dépendant toute sa vie et immature, ou bien de devenir révolté sans arrêt contre toute évaluation et tout jugement externes.

         10) Dans le monde d’aujourd’hui, l’apprentissage le plus utile socialement, c’est l’apprentissage des processus d’apprentissage, c’est aussi d’apprendre à rester toujours ouvert à ses propres expériences et à intégrer en soi le processus même du changement.


FACILITATION.

Quelques idées maîtresses :

1)    le facilitateur compte pour beaucoup dans l’établissement du climat initial ou de l’ambiance de l’expérience de groupe ou de classe.

2)    Le facilitateur aide à choisir et à clarifier les projets des individus qui composent la classe aussi bien que les projets plus généraux du groupe entier.

3)    Il fait fond sur le désir de chaque étudient de réaliser les projets qui ont une signification pour lui, il y voit une force motivante qui soutient un apprentissage signifiant.

4)    Il s’efforce d’organiser et de rendre facilement accessible le plus grand éventail possible de ressources d’apprentissage.

5)    Il se considère lui-même comme une ressource pleine de souplesse, utilisable par le groupe.
  
6)    En répondant à ce qui est exprimé en classe il accepte aussi bien le contenu intellectuel que les attitudes émotionnelles, s’efforçant de donner à chaque aspect l’importance la plus exacte que celui-ci revêt pour la personne ou pour le groupe.

7)    Au fur et à mesure que le climat d’acceptation s’établit en classe, le facilitateur est capable de devenir lui-même un participant en apprentissage, un membre du groupe, exprimant ses vues comme étant simplement celles d’une personne.

8)    Il prend l’initiative de faire part au groupe de ses sentiments comme de ses pensées, d’une manière qui n’exige rien et qui n’impose rien mais simplement représente un partage de soi que les étudiants peuvent accepter ou laisser tomber.

9)    A travers toute l’expérience de la classe, il demeure attentif aux expressions qui indiquent des sentiments profonds ou violents.

10) En fonctionnant comme facilitateur d’apprentissage, le leader s’efforce       de reconnaître et d’accepter ses propres limites.

Etre en relation.

-         J’aime écouter,
-         J’aime être entendu,
-         Quand je ne puis pas entendre,
-         Quand les autres ne me comprennent pas.

Je veux être authentique, congruent

-         communiquer ma congruence,
-         Rencontrer l’authenticité des autres,
-         Mes manques d’authenticité,
-         Libérer chez les autres leur liberté,
-         Accepter et donner de l’amour (je suis davantage capable d’apprécier les autres)

J’attache beaucoup de valeur à la communication et à la relation interpersonnelle.

Une manière moderne de déterminer ses valeurs.

« les valeurs opératoires » : celles que l’on peut observer dans l’action.
« les valeurs conceptualisées »
« les valeurs objectives » : lorsque les gens parlent de ce qui est objectivement préférable sans lien avec le désir.

Comment les petits enfants déterminent leurs valeurs ?

Au point de départ, l’être humain possède une approche claire des valeurs. Il préfère certaines choses et en rejette d’autres. Nous pouvons déduire de son comportement, qu’il préfère les expériences qui maintiennent, soutiennent ou actualisent son organisme et qu’il rejette celles qui ne servent pas ses fins.
Un processus organismique dans lequel chaque élément, chaque moment de l’expérience est en quelque sorte pesé, choisi ou rejeté, selon qu’il tend à ce moment là, d’actualiser ou non l’organisme.

Cette évaluation complexe de l’expérience est manifestement l’objet d’une fonction organismique et non d’une fonction consciente ou symbolique.
Un autre aspect de la manière dont le petit aborde les valeurs, c’est que la source ou le lieu de son évaluation se trouve clairement en lui-même. Il sait ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas et l’origine de ces choix se situe exactement en lui.

Le changement dans le processus de détermination des valeurs.

Par suite de quels événements faisons nous l’échange contre ce mode d’approche de valeurs plus rigide, incertain, inefficace qui caractérise la plus-part d’entre-nous ?

Le petit enfant à besoin d’affection, il la désire, il tend à se comporter de telle sorte qu’il obtient la répétition de cette expérience qu’il aime, mais l’entraîne dans des complications.
Il tire les cheveux de sa petite sœur et trouve agréable d’entendre ses cris et protestations. Il entend dire qu’il est un « vilain méchant garçon », ce qui peut d’ailleurs être renforcé par une tape sur la main. Il est privé d’affection.
Si cette expérience se répète, et beaucoup d’autres du même style, il va graduellement apprendre que ce qu’il « trouve bon » est souvent « mauvais » aux yeux des autres. Alors arrive l’étape suivante : il finit par adopter à l’égard de lui-même l’attitude que les autres ont prise. Maintenant quand il tire les cheveux de sa sœur, il psalmodie ( manière de chanter) d’une voie grave « méchant garçon, méchant garçon ». Il introjecte le jugement de valeur d’autrui, l’admettant comme le sien. A ce moment, il perd le contact avec son processus organismique d’évaluation. L’enfant apprend à se méfier fondamentalement de son expérience comme guide de son comportement. Il apprend d’autrui un grand nombre de valeurs conceptualisées et les adopte pour lui-même fussent-elles en profond désaccord avec sa propre expérience. Du fait que ces concepts ne sont pas fondés sur une évaluation personnelle, ils ont tendance à être fixes et rigides plutôt que fluides et changeants.

Structures ou modèles (patterns) introjectés.

Il y a une myriade de valeurs conceptualisées que les gens introjectent et considèrent comme leur appartenant, sans jamais avoir pris en considération leurs propres réactions organismiques à ces modèles ou à ces objets.

Le désaccord fondamental.

En reprenant à notre compte les conceptions d’autrui comme si elles étaient nôtres, nous perdons le contact avec la sagesse potentielle de notre propre fonctionnement et perdons confiance en nous-mêmes. Nous avons divorcé d’avec nous-même et ceci rend compte pour une grande part de la tension et de l’insécurité de la vie moderne.
Ce désaccord fondamental entre les conceptions de quelqu’un et son expérience personnelle, entre la structure intellectuelle de ses valeurs et le processus d’évaluation qui se déroule à son insu, en lui, compte pour une bonne part dans l’aliénation fondamentale de l’homme moderne par rapport à lui-même.

Restaurer le contact avec l’expérience.

L’expérience de la personne représente quelque chose à quoi il peut se référer pour élaborer ses concepts avec précision et pour guider son comportement.
E.T Gendlin : « Au fur et à mesure que son expérience personnelle devient accessible à l’individu et que celui-ci devient plus capable de vivre librement le processus de ses sentiments, des changements significatifs commencent à se produire dans son approche des valeurs. Et peu à peu cette approche en vient à reproduire certaines caractéristiques qu’elle possédait quant il était enfant.

Propositions sur le processus de détermination des valeurs .

-         1) Il existe dans l’être humain un fondement organismique qui rend possible la détermination des valeurs. ( Informations…Ajustements des comportements….Plus grand épanouissement)
-         2) Ce processus de détermination des valeurs contribue réellement à l’épanouissement personnel dans la mesure où l’être humain est ouvert à l’expérience qui se déroule en lui.

-         3) Il y a chez les personnes qui deviennent plus ouvertes à leur expérience personnelle un commun dénominateur organismique dans le choix des valeurs.


-         4) Cette orientation commune dans le choix des valeurs est-elle qu’elle contribue au développement de la personne elle-même, au développement des autres au sein de la communauté et à la survie ainsi qu’à l’évolution de l’espèce.

Il y a peut-être en nous, en tant qu’espèce certains éléments qui tendent à assurer notre développement interne et qui seraient choisis par tous les individus si ceux-ci avaient vraiment la liberté de choisir.

Liberté et engagement.

B.F Skinner…Psychologue béhavioriste ( l’homme est dirigé par des facteurs extérieurs à lui……l’homme n’est pas libre.)

L’homme est libre.

De quelle liberté s’agit-il ?
La liberté dont je parle est intérieure indépendamment des choix extérieurs ? C’est la découverte d’un sens qui vient de l’intérieur de soi-même, d’un sens qui vient d’une écoute sensible et accueillante à toute la complexité de ce que l’on vit en soi.
La liberté apporte une différence.


L’objectif : la personne fonctionnant pleinement.

Quelle sorte d’être humain souhaitons-nous voir se développer ?
Quel est le point final de la psychothérapie idéale ou de la maturité psychologique maximale ?

1-    Cette personne serait ouverte à son expérience.

L’ouverture est le pôle opposé à la « défensivité ».

2-    Cette personne vivrait sur un mode existentiel.

« Ce que je serai dans l’instant qui vient, et ce que je vais faire, naît de l’instant présent et personne ne peut le prédire, ni moi ni un autre ».
On n’impose pas une structure extérieure à l’expérience vécue.

3-    Cette personne constaterait que son organisme est un moyen digne de confiance pour arriver au comportement le plus satisfaisant dans n’importe quelle situation existentielle.

Les défauts qui, chez la plupart d’entre-nous, ne nous permettent pas de nous fier à ce processus sont l’inclusion de matériaux non existentiels ou bien l’absence de données ? C’est lorsque la mémoire ou les apprentissages antérieurs sont introduits dans le calcul comme s’ils étaient la réalité actuelle, et non comme mémoire et apprentissages antérieurs, que des comportements erronés apparaissent.

Le plein fonctionnement de la personne.

Cette personne est capable de vivre pleinement dans et avec chacun de ses sentiments, dans et avec chacune de ses réactions. Elle fait usage de l’ensemble de son équipement organique pour percevoir, aussi exactement que possible, sa situation existentielle interne et externe. Elle se sert de toutes les données que son système nerveux peut fournir, elle s’en sert consciemment mais en reconnaissant que son organisme total peut être, et c’est souvent la cas, plus sage que sa conscience. Cet individu peut permettre à son organisme total de fonctionner dans toute sa complexité pour choisir, parmi la multitude des possibilités, le comportement qui à ce moment précis sera le plus sûrement et le plus authentiquement satisfaisant. Il est capable de faire confiance à ce fonctionnement de son organisme, non que celui-ci soit infaillible, mais parce qu’ainsi lui m^me peut être ouvert à toutes les conséquences de ses actions et qu’il peut rectifier ces dernières si, à l’expérience, elles se révèlent insatisfaisantes.

Conséquences de cette description.

C’est l’image d’une personne qui apprend sans cesse comment apprendre.

A)  Cette définition est appropriée à l’expérience clinique

Nous constations que les clients admettent un éventail plus large de sentiments différents, y compris des sentiments qui auparavant étaient anxiogènes, et que ces sentiments sont utilement intégrés au sein de leur personnalité, d’ailleurs devenue beaucoup plus souple.

B)   – Cette définition conduit à des hypothèses opérationnelles.

Je suis convaincu que de telles hypothèses seraient universelles, c’est à dire indépendantes de toute culture donnée, plutôt que différentes selon les cultures.

C)   – Cette définition rend compte d’un des  paradoxes du développement personnel.

Parmi les psychologues qui sont orientés exclusivement vers le diagnostic de personnalité et qui comparent l’individu à des normes générales ont tendance à s’inquiéter de ce qu’ils considèrent comme un manque de défenses personnelles ou comme un certain degré de désorganisation, à la fin de la thérapie. Par contre, les psychologues qui sont orientés vers la thérapie considèrent les mêmes faits comme l’indication d’une fluidité, d’une ouverture à l’expérience et comme l’indication d’une personnalité organisée d’une manière vovante plutôt que rigide.

D)  – Elle implique de la créativité.

Arrivée au terme de la thérapie cette personne pourrait bien être parmi celles que Maslow appelle « auto-actualisantes ».

E)   – Cette définition repose sur la confiance dans la nature humaine.

La nature fondamentale de l’être humain, lorsque celui-ci fonctionne sans entraves, est quelque chose de positif, de constructif et qu’elle mérite notre confiance. J’éprouve peu de sympathie pour l’idée généralement répandue que l’homme est fondamentalement déraisonnable et que dès lors ses pulsions, à moins d’être contrôlées, le conduisent nécessairement à sa propre destruction comme à celle d’autrui.

F)    – Le comportement que j’ai décrit est logique et pourtant nul ne peut le prédire.

G)  – Cette définition établit un rapport entre liberté et déterminisme.



jeudi 12 mars 2015


La relation éducative et le contrat



Lors des groupes de formation et d’analyse des pratiques professionnelles en travail social, j’ai pu tester la pertinence de la notion de contrat développée par Eric Berne en analyse transactionnelle. La mobilisation de cet outil dans le travail éducatif permet d’éviter de nombreuses déconvenues et facilite les conditions relationnelles pour développer la croissance et l’autonomie des personnes accompagnées (1). L’idée principale réside dans le fait que l’intervenant et la personne accompagnée doivent avoir une conscience claire de ce qui va les réunir ; nous pourrions dire qu’il s’agit d’un engagement explicite pour savoir ce qu’ils vont faire ensemble, pour atteindre un objectif réalisable bien identifié d’apprentissage et/ou de changement, chacun ayant conscience de ses engagements, de son rôle et de ses responsabilités dans le processus.
Les malentendus, les oppositions, les non-dits, les conflits, les échecs, les sabotages viennent le plus souvent de l’absence d’une démarche de clarification en amont du « contrat » et consécutivement des réactions et des sanctions non comprises.

Nous pouvons identifier trois aspects du contrat, l’un administratif, l’autre professionnel et le dernier psychologique.

La dimension administrative :

Elle spécifie quels sont les partenaires engagés et/ou impliqués dans l’action qui va avoir lieu ainsi que leurs attentes. Le cadre de travail est déterminé quant aux horaires, au lieu, au calendrier, aux nombre de personnes concernées, aux dates, aux rémunérations si besoin et aux clauses d’annulation.

La dimension professionnelle: 

 Elle met en évidence les objectifs réalistes qui seront poursuis, les moyens de réalisation et les modalités d'évaluation du chemin parcouru et à parcourir ainsi que les rôles et attentes de rôles attendus par les uns et les autres. C'est à ce niveau que l'intervenant doit se poser la question de sa compétence pour mener à son terme les objectifs éducatifs.

La dimension psychologique :

C’est l’engagement d’un respect mutuel et de la confiance qu’ils s’accordent mutuellement en mettant en évidence que des désaccords peuvent survenir mais que les passages à l’acte ne sont pas permis. (violences verbales et/ou physiques)
C’est la reconnaissance et la prise en considération des attentes et des expériences de la personne accompagnée.
C’est un consentement mutuel quant aux objectifs fixés.
C’est un rappel pour la personne accompagnée qu’elle a la liberté de décider de sa participation ou non aux propositions qui lui sont faites.
C’est une évocation et une clarification de ce qui est confidentiel et éventuellement de ce qui ne le sera pas.
C’est un détour dans l’échange sur ce qui pourrait réussir à faire échouer le projet.
C’est la vérification que l’ensemble des éléments qui participe au projet sont consentis dans une relation d’égal à égal et non dans une position de soumission et/ou de dépendance.
C’est une volonté d’unir les énergies des acteurs dans un effort de collaboration et d’éviter le sabotage du processus d’apprentissage et/ou de changement.

Quelles questions se poser au terme du contrat éducatif ?

-    Est-il explicite ?
-    Le changement et/ou l’apprentissage est-il formulé avec des termes positifs ?
-    Les acteurs ont-ils la compétence technique, l’autorité et la compétence organisationnelle pour décider de s’engager ensemble dans ce contrat ?
-    Est-il conforme à la loi, aux bonnes pratiques professionnelles, à la déontologie et aux codes culturels de l’entreprise, du service et/ou de l’établissement ?

Le contrat est un outil et peut être par conséquent réajusté au cours de l’action d’un commun accord.

(1)    Accompagner une personne, c’est l’idée que l’intervenant est un compagnon, à  côté d’elle sur le chemin qui la mènera vers l’autonomie. Cette conception de l’action éducative s’appuie sur le postulat que les personnes sont les mieux placées pour savoir ce qui est bon pour elle et que nous n’avons pas besoin de les tirer et/ou de les pousser vers quelques buts qui seraient extérieurs aux composantes de leur personnalité profonde.


vendredi 7 février 2014

Carl Rogers: postulats et pratique de l'accompagnement

Qui est Carl Rogers ?

Carl Rogers (1902-1987) était un psychologue américain, un psychothérapeute, un universitaire, un pédagogue, un chercheur et l'auteur de nombreux livres.
Il est le fondateur de l'Approche Centrée sur la Personne et de la Psychothérapie Centrée sur la Personne. L’ACP est d’abord une théorie du processus de changement basée sur une conception de l’homme qui s’appuie sur l’idée que celui-ci a au fond de lui-même une tendance positive et constructive à se réaliser lui-même s’il est libre de la faire. L’accent est mis sur l’expérience consciente non sur l’inconscient.
Son enseignement universitaire, dès 1951, a introduit des conceptions révolutionnaires dans le monde de la psychologie, marqué par les seuls courants existants alors - comportementalisme, expérimentalisme et psychanalyse.
 Ce qui fait scandale à l’époque réside dans le fait qu’il considère que la psychothérapie n’est pas une relation entre un expert et un malade mais une rencontre entre deux hommes et que l’autorité suprême réside dans la personne du client et ne provient pas d’une expertise extérieure. Il ajoutait que l’expérience est l’autorité suprême, ni bible, ni prophète, ni dieu, ni Freud ne saurait prendre le pas sur mon expérience directe.
Pratiquant au début de sa carrière la méthode analytique, il l'a progressivement abandonnée pour fonder sa propre méthode thérapeutique, validée par des centaines d'entretiens enregistrés qui en démontrent l'efficacité pour un processus de croissance.
Ses idées, d'abord contestées, furent ensuite reconnues comme singulièrement intéressantes et novatrices : en 1946-47, il fut nommé président de l'American Psychological Association, puis, en 1956, titulaire d'une distinction de celle-ci pour l'intérêt de ses recherches dans le champ de la psychothérapie.
Sa pensée imprègne une grande partie de la psychologie actuelle, en particulier le courant de la psychologie humaniste.
 Les notions qu’il développe ne sont pas d’origine spéculative, mais le résultat d’une interaction continue entre l’expérience pratique, la conceptualisation théorique et la vérification par voie de recherche.
Son livre le plus connu : " On becoming a personn " (USA : 1961) fut édité en France en 1966, sous le titre de "Le développement de la personne " et il est régulièrement réédité depuis lors.  De son domaine d'origine, la psychothérapie, l'Approche Centrée sur la Personne s'est largement étendue à tous les domaines du champ social (pédagogie, travail social, organisations, relations interculturelles A la veille de sa mort, Carl Rogers, fût officiellement pressenti pour être Prix Nobel de la Paix.

Une conception de l’homme :

L’homme est une espèce…espèce d’organisme et comme tel a des caractéristiques qui lui sont inhérentes et qui le mettent à part des autres espèces. Il est dans la continuité de Darwin et il pose une nature de l’homme.
Ainsi, il se place au pôle opposé de Sartre avec l’existentialisme qui affirme que « l’existence précède l’essence » que l’homme se définit par ses actes, que c’est ce qu’il fait, ce qu’il choisit, qui le fait devenir ce qu’il est, que rien n’existe préalablement, et de Freud qui dans son livre (Malaise dans la civilisation) parle de « l’hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres » ou que « la civilisation doit tout mettre en œuvre pour limiter l’agressivité humaine. »
L’homme est un être social :
A l’opposé, Rogers pose comme résultat de ses observations que l’homme est d’abord par nature « incurablement » social et qu’il a un désir violent de relations sûres, intimes, communicantes avec les autres et qu’il se sent coupé, solitaire et incomplet quand de telles relations n’existent pas. Cette tendance peut être bloquée ou déviée.
Cette prise de position est radicale, « révolutionnaire » compte tenu des attitudes souvent pessimistes ou péjoratives sur lesquelles s’appuient les adeptes du Freudisme.

Le respect de la personne :

Il y a en toute personne quelque-chose d’inaliénable qu’aucune science du psychisme ne peut enfermer, qu’aucune autorité extérieure ne doit manipuler, contrôler, diriger au nom de ses propres normes, buts ou vérités qu’il s’agisse du processus de la thérapie ou de ses choix d’existence.
Une vision positive de l’être humain :
C’est seulement peu à peu qu’il est devenu évident pour Rogers que les sentiments sauvages et asociaux ne sont ni les plus profonds, ni les plus forts, et que le noyau de la personnalité est l’organisme lui-même dont l’essence est de se conserver et d’avoir une vie sociale.
Sous la couche de comportement superficiel contrôlé, sous l’amertume, sous la blessure, il y a un moi qui est positif, et qui est sans haine.

L’homme est directionnel :

En 1965, il affirme que «  l’homme est directionnel », c’est-à-dire que l’homme est par nature auto-directionnel et non « réactionnel ». Il a en lui-même de quoi s’orienter de façon créatrice pour lui-même indépendamment des poussées et des guidages d’autrui, il n’est pas un organisme vide qui réagirait sur des réponses automatiques et des excitations purement externes. Il pèse sur l’environnement d’une manière qui lui est propre.
Au cours de son séjour à Paris en 1966 (Dourdan) il évoquera en public la culture des pommes de terre. Même dans une cave privée de lumière, celles-ci ont tendance à germer et à s’orienter. Pourquoi disait-il, chaque homme ne disposerait-il pas en lui-même de possibilités de germination et d’adaptation ?
Il emploie d’autres références empruntées à la vie biologique pour dire que les germes vivants se développent incoerciblement de l’intérieur si on assure les conditions de leur croissance auto-directionnelle.
Rogers propose comme analogie pour exprimer la psychothérapie et plus généralement les relations humaines comme l’apport d’un liquide amniotique psychologique.

L’homme dispose de forces de croissance :

En 1946 il affirme que chez la plupart, sinon chez tous les individus il existe des forces de croissance, des tendances à l’auto-actualisation, qui peuvent agir comme motivation unique à la psychothérapie.
Dés-lors la conception qu’il se fait de l’organisme humain est : non une structure rigide subsistante en forme fermée, mais bien une organisation dynamique fluide, une (gestalt) établie essentiellement sur une tendance vers le devenir, sur un élan d’accomplissement de ses virtuosités latentes par des relations à un environnement de plus en plus étendu.
L’homme cherche sa conservation et son enrichissement :
En 1959, il exprime cet élan par l’expression d’un postulat fondamental : Tout organisme est animé d’une tendance inhérente à développer toutes ses potentialités et à les orienter de manière à favoriser sa conservation et son enrichissement. L’opération de la tendance actualisante a pour effet de diriger le développement de l’organisme dans le sens de son autonomie et de son unicité. La tendance actualisante est le postulat fondamental de la théorie en ACP.
Max Pages dans son ouvrage (L’orientation non directive) dit que l’hypothèse Rogérienne comporte ainsi un double aspect : l’organisme, d’une part poursuit des fins qui lui sont propres, liées à la conservation et à sa directionalité, mais d’autre part il se développe « une capacité de régulation de l’organisme par lui-même, qui le met à même de modifier sa propre structure interne pour atteindre ses fins.

L’homme a besoin de considération :

Cette expression représente l’une des notions clés du système théorique en ACP et peut se définir comme l’idée que si les expériences d’une autre personne relatives à elle-même m’affectent toutes comme également digne de considération positive, autrement dit, si parmi toutes ses expériences, il n’en est aucune que je distingue comme plus ou moins digne de considération positive, nous disons que j’éprouve à l’égard de cette personne une attitude de considération positive inconditionnelle. Le sujet est estimé en tant que personne indépendamment des critères que l’on pourrait appliquer aux divers éléments de son comportement.
L’un des facteurs les plus puissants de la relation thérapeutique semble émaner de l’attitude d’appréciation inconditionnelle que l’intervenant témoigne à l’égard du client en tant que personne. C’est cette attitude de considération inconditionnelle qui crée les conditions nécessaires à la réalisation de l’état d’accord interne.

La vie pleine ou le « plein fonctionnement » :

A propos de la « vie pleine », Rogers dit que c’est le processus de mouvement dans une direction que choisit l’être humain quand il est libre intérieurement de se mouvoir dans n’importe quelles directions.
L’être pleinement ouvert à son expérience aurait accès à toutes les données possible de la situation pour fonder sa conduite : les exigences de la société, ses propres besoins complexes et peut-être contradictoires, ses souvenirs de situations similaires, sa perception du caractère unique de cette situation etc.
Les défauts qui rendent ce processus peu sûr chez la plupart d’entre nous sont l’inclusion d’informations qui n’appartiennent pas à la situation présente ou l’exclusion d’informations qui y appartiennent.

Le Moi ou Self :

Il prend conscience au cours des entretiens de l’importance de l’image de soi et que le Moi est un élément central de l’expérience subjective et que le client ne semble avoir d’autres but que de devenir son « véritable moi ».
A propos du self, il dit que c’est la configuration composée de perceptions se rapportant au moi, aux relations avec autrui, avec la vie en général, ainsi que les valeurs que le sujet attache à ces diverses perceptions. Cette configuration se trouve dans un état de flux , elle est constamment changeante, encore qu’elle soit toujours organisée et cohérente. Le self est pour Rogers un mécanisme régulateur de comportement.
L’individu vit une expérience, la symbolise et l’intègre à son self. Lorsque l’accord entre le self et l’expérience se réalise l’individu fonctionne de manière optimale, est ouvert à l’expérience et se trouve dans un certain état d’authenticité et d’harmonie. Lorsque le self perçoit du danger, reconnaissable par des états de tension, de confusion ou d’angoisse sont mis en œuvre des mécanismes de défense pour conserver l’image qu’il a de son self. Les deux principaux mécanismes observables sont la déformation et  la dénégation (désavouer l’expérience).


La question du passé et de « l’ici et maintenant » :

A propos du concept du Moi ou du Self il précise que la conduite n’est pas « causée » par quelque chose qui est apparu dans le passé. Les tensions présentes et les besoins présents sont les seuls choses que l’organisme s’efforce de réduire ou de satisfaire.
La configuration complexe d’excitations internes et externes qui existe à tel moment n’a jamais excité auparavant de la même manière. Par conséquent cet être réaliserait que ce que je serai au moment suivant et ce que je ferai naît du moment présent et ne peut être prédit à l’avance ni par moi ni par d’autres. C’est l’affirmation de la prédominance de « l’ici et maintenant », chère aux approches de la psychologie humaniste.

Définir la relation d’aide :

Nous entendons par ce terme de relation d'aide, des relations dans lesquelles l'un au moins des deux protagonistes cherche à favoriser chez l'autre la croissance, le développement, la maturité, un meilleur fonctionnement et une meilleure capacité d'affronter la vie. L'autre, dans ce cas, peut être soit un individu, soit un groupe. On pourrait encore définir une relation d'aide comme une situation dans laquelle l'un des participants cherche à favoriser chez l'une ou l'autre partie, ou chez les deux, une appréciation plus grande des ressources latentes internes de l'individu, ainsi qu'une plus grande possibilité d'expression et un meilleur usage fonctionnel de ces ressources. (Développement de la personne, p. 29)
La technique primordiale, qui conduit la prise de conscience chez le client, requiert de l'aidant un suprême degré de retenue, plutôt qu'un suprême degré d'initiative agissante. La technique primordiale est d'encourager l'expression des attitudes et des sentiments, jusqu'à ce que la compréhension intuitive apparaisse spontanément. L'apparition de la compréhension est souvent retardée, et même parfois rendue impossible, par les efforts de l'aidant pour la créer ou la faire naître.  (La relation d'aide et la psychothérapie, p. 196).
Dès lors, attention aux attitudes de jugement, de conseil, de support et d'interprétation. (Voir A.Porter)


Les conditions nécessaires et suffisantes de l’accompagnement :

1    - L’écoute inconditionnelle positive,
Nous avons développé cette notion précédemment.

2    - L’empathie,

Il nous faut distinguer cette notion de la sympathie, de la compassion et de la contagion émotionnelle.

La sympathie, du grec syn – « avec » et pathos – « souffrance », consiste aussi à comprendre les émotions d’une autre personne mais elle comporte une dimension affective supplémentaire. L’empathie tend vers l’objectivité quand la sympathie est bien plus subjective. Elle est une réponse motivationnelle qui repose sur une proximité affective avec qui en est l’objet et vise à améliorer son bien-être.

La compassion vient du latin, « cum-patire », « souffrir, éprouver avec » est le sentiment par lequel on est porté à percevoir ou ressentir la souffrance des autres, et poussé à y remédier. « Pitié » et « apitoiement », « commisération », « miséricorde » signifient originellement compassion.

Dans la contagion émotionnelle la personne éprouve le même état affectif d’une autre personne sans conserver la distance entre soi et autrui.

L’empathie : son objet est la compréhension. L’objet de la sympathie est le bien être de l’autre. En somme l’empathie est un mode de connaissance, la sympathie est un mode de rencontre avec autrui.

Rogers définit l’empathie comme la capacité de percevoir le cadre de référence interne d’autrui aussi précisément que possible avec les composantes émotionnelles et les significations qui lui appartiennent comme si l’on était cette personne, mais sans jamais perdre de vue la condition du « comme si ». La condition du « comme si » distingue clairement le processus d’empathie de celui de l’identification.

3    - La congruence.

Le premier mouvement de cette démarche orientée vers l’autre est pour Rogers un retour paradoxal vers soi-même, un mouvement de « présentiation » à soi au coeur même de la solitude. IL s’agit de se vérifier, de se mettre en état d’être vrai, réel, de sonder ses sentiments, ses idées et ses valeurs, telles qu’elles sont, avant la rencontre et pendant. Il s’agit de savoir être la complexité de ses sentiments, sans crainte.

Les  impératifs de l’accompagnement :

1 – ACCUEIL ET NON PAS INITIATIVE,

Attitude de réceptivité, d’accueillance, mettre à l’aise

2 – ETRE CENTRE SUR CE QUI EST VECU PAR LE SUJET ET NON SUR LES FAITS QU’IL EVOQUE,

S’intéresser à ce qu’éprouve le sujet davantage qu’aux faits objectifs.

3 – S’INTERESSER A LA PERSONNE DU SUJET, NON AU PROBLEME LUI-MEME,

Voir le problème, qui est existentiel, du point de vue du sujet concerné

4 – RESPECTER LE SUJET ET LUI MANIFESTER UNE CONSIDERATION REELLE AU LIEU D’ESSAYER DE LUI MONTRER LA PERSPICACITE DE L’INTERVIEWER OU SA DOMINATION,

Intervenir pour que le sujet ait la certitude que l’on respecte sa manière de voir, de vivre ou de comprendre.

5 – FACILITER LA COMMUNICATION ET NON PAS FAIRE DES REVELATIONS,

Il ne s’agit pas en effet (et là-dessus l’opposition à la psychanalyse est catégorique) d’écouter le sujet dans le but de classer ses dires dans des cadres tout préparés d’un système d’interprétation, ni d’attendre le bon moment pour lui révéler une explication que nous supposerions être la vérité de son inconscient. Il s’agit de faire effort pour maintenir et améliorer sa capacité de communiquer et de formuler son problème.

mardi 6 août 2013

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lundi 29 juillet 2013

Les psychothérapies


Les psychothérapies

Vouloir présenter une approche des différentes psychothérapies implique inévitablement de faire des choix, de filtrer la réalité et aussi d’abandonner la prétention à l’exhaustivité. Pour le thème qui nous rassemble cela est d’autant plus évident que selon les sources avisées il y aurait entre 300 et 360 méthodes de psychothérapies recensées dans le monde. Compte tenu de cela c’est une carte que j’ai l’intention de vous présenter au travers notamment des principaux courants fondateurs, en les resituant dans une logique historique d’apparition cherchant aussi à mettre en évidence de façon synthétique quelques grands principes auxquels chacune se réfère.

 En guise d’introduction :

    La psychothérapie est un mot qui littéralement signifie « soin des âmes » qui est apparu voici un siècle et demi. Il a toujours désigné des pratiques très diverses, évoluant au fil des théories et des époques.

    La première apparition du terme date de 1872 sous la plume de l’aliéniste britannique Daniel HAKE TUKE ( 1827-1895) dans : « Illustrations de l’influence de l’esprit sur le corps dans la santé et la maladie ». Il se relie à une histoire médicale qui prône la prise en charge de la l’aliénation mentale sous la forme d’un « traitement moral ». et des constats quant aux effets de l’esprit sur le corps. C’est la mise en évidence de la « parole persuasive » plutôt que de la contention. Cette perspective a des effets limités quant à la mise en œuvre au cours du XIXè siècle.

Les états de conscience modifiés :

    Parallèlement au traitement moral, le médecin allemend Franz Anton MESMER ( 1734-1815) prône les effets d’un fluide mystérieux supposément contenu dans l’être vivant et dotant ce dernier d’une force thérapeutique spécifique, le « magnétisme animal ». Bien que cette théorie soit contestée dès ses débuts nombreux sont ceux qui se passionnent pour les effets déclenchés par les adeptes de F.A Mesmer.

    Au cours du XIXè siècle, les notions d’hypnose et de suggestion réinterprèteront ce magnétisme mesmérien en termes « d’états de consciences modifiés ».

    Pour le médecin nancéen Hippolyte BERNHEIM ( 1840-1919), il s’agit d’un état physiologique proche du sommeil, que le thérapeute averti manipule afin de traiter toute une série d’états psychologiques et physiques réalisant par-là une « psychothérapie ».

    Une querelle, dans les années 1900 est à l’œuvre entre les « médecins hypnotiseurs » et les « médecins raisonneurs ».

L’effritement de la psychanalyse :

    La psychanalyse est longtemps considérée comme un traitement adapté aux seuls névrosés. Dés le début du XXè siècle, la notion de psychothérapie coexiste avec celle de la psychanalyse. Ainsi des années 1950 aux 1970 la psychothérapie renvoie le plus souvent à une pratique dite d’inspiration psychanalytique.

    Dans les années 1970, on assiste à un effritement de l’hégémonie psychanalytique et du monopole médical sur l’exercice de la psychothérapie.

-    C’est l’apparition de nouveaux courants comme la théorie systémique et l’approche cognitive et comportementale.
-    C’est le foisonnement de nouvelles approches dites du « potentiel humain » qui se situe en dehors du champ de la santé mentale.
-    La notion de « développement personnel » tend à se substituer à celle de traitement psychothérapeutique des maladies.
-    Les avoirs de la psychopathologie des médecins et des psychologues cessent d’apparaître comme une base indispensable à l’exercice de la psychothérapie.
-    Les psychologues cliniciens (entre les deux guerres) revendiquent avec un  succès croissant le droit de pratiquer la psychothérapie de manière autonome.
-    En 1980, c’est la création d’associations de psychothérapeutes.

Les quatre groupes de psy :

Les psychiatres : 

Ce sont des médecins, qui ont suivi une spécialisation dans le diagnostic et le traitement des troubles mentaux. Ils sont habilités à inclure la prescription de médicaments dans la prise en charge. Leurs soins sont remboursés dans le public comme en libéral. Avec ses 13000 praticiens, dont la moitié en libéral, la France après la Suisse est le pays du monde où la densité par habitant est la plus élevée.

Les psychologues :

La France compte 40 000 psychologues, principalement dans le secteur de la santé. Les études reposent sur un BAC plus cinq dont trois années en psychologie. Leurs soins ne sont pas remboursés par la SS à l’exception des consultations dans le secteur public (Hôpitaux, CMP, etc.) Le titre est protégé depuis juillet 1985.

Les psychanalystes :

Il serait 6000 en France. Pour devenir psychanalyste, il n’est pas indispensable d’être psychiatre ou psychologue. Il faut avoir été analysé soi-même, être supervisé par un pair et recevoir un enseignement théorique dispensé par un institut psychanalytique. L’exercice de la psychanalyse n’est pas réglementé. . Les honoraires, non remboursés, sont à la discrétion du psychanalyste.

Les psychothérapeutes : 

Il serait entre 8 et 12000. Le titre de psychothérapeute est désormais encadré. Ainsi, il n'est plus possible de s’autoproclamer psychothérapeute du jour au lendemain et d'ouvrir son propre cabinet. Si la plupart des psychothérapeutes sont également psychiatres ou psychologues, les autres professionnels doivent remplir les conditions suivantes : avoir validé une formation universitaire de 5 ans minimum ainsi que 5 mois de stage professionnel dans un établissement public ou privé. Quant aux psychologues ou aux psychiatres, ils peuvent faire la demande du titre de psychothérapeute aux agences régionales de santé.

Soigner le patient ou l’institution :

La thérapie institutionnelle avec les expériences de St Alban sur Lignole de François Tosquelles et la clinique de la Borde à Cour Cheverny de Jean Oury et Felix Guattari.

Enjeu de société :

    La première question est : « qui peut légitimement exercer la psychothérapie ? ». Freud s’était refusé à faire de la psychanalyse une discipline médicale, mais les psychiatres l’avaient vite ramené dans le giron de la médecine.

Aujourd’hui, politiques, médecins et bien sûr psychologues s’accordent pour considérer que la psychothérapie peut être mise en œuvre par les deux groupes de professionnels. Néanmoins, le différend est réactivé par certains psychiatres qui remédicalisent la psychothérapie. Un autre conflit interprofessionnel à émergé avec l’arrivée de psychothérapeutes qui ne sont ni psychiatre, ni psychanalyste, ni psychologue. Venant le plus souvent des métiers du paramédical et du social, ils se positionnent sur le terrain de la santé mentale et de la souffrance psychologique et de la souffrance psychosociale. Spécificité française, ni les psychologues, ni les psychiatres n’ont de formation spécifique à la psychothérapie dans leur cursus universitaire.

Tour d’horizon en Europe :

    Une vingtaine de méthode est aujourd’hui reconnue en Europe comme « scientifiquement validées », elles peuvent être regroupées en cinq courants principaux :

    - La (les) psychanalyse (s)                                                   25 °/°
    - Les théories cognitives et comportementales (TCC)        15 à 25 °/°
    - Les thérapies humanistes                                                  20 à 40 °/°
    - Les thérapies familiales                                                    10 à 15 °/°
    - Les approches transpersonnelles                                      5 à 10 °/°

    Depuis 1990, période de l’écroulement de l’empire soviétique toutes sortes de psychothérapies se sont développées alors que seuls le comportementalisme pavlovien et l’hypnose traditionnelle étaient autorisés. L’union européenne tente d’unifier les lois dans de nombreux secteurs sauf pour la défense et la santé, ainsi la psychothérapie demeure totalement indépendante dans chaque nation.

    On peut diviser l’Europe en plusieurs grandes régions à partir des langues parlées, des traditions, de la culture et des religions pratiquées :

-    Les pays Anglo saxons ( Ouest – Nord ) Grande Bretagne, Irlande, Allemagne, Autriche, Pays bas, Pays scandinaves …Protestants Pragmatistes avec une forte influence des USA. La culture psychanalytique y était très développée même si depuis les années 1980, elle décroît au profit des TCC (considérées comme scientifiques)

-    Les pays Latins : (Est) Russie, Pologne, Ukraine, Biélorussie, Tchèque, Slovénie, Bulgarie, Serbie, Pays baltes Orthodoxes ou catholiques. Ils sont attirés par les approches transpersonnelles.

-    Les Balkans Catholiques, orthodoxes, musulmans ouverts aux approches humanistes et familiales.

LA PSYCHANALYSE

Fondamentalement et d’un point de vue historique, la psychanalyse est une psychothérapeutique provenant de la « cure cathartique » ou cure par la parole  de Joseph Breur, et de l’analyse psychologique de Pierre Janet et de l’hypnose de Jean Martin Charcot. (neurologue).

Freud se démarquera de Breuer en postulant l’importance de la dynamique sexuelle dans le développement de la psychopathologie. L’hystérie mais aussi les autres névroses sont alors conçues comme conséquence d’un trauma sexuel.

La psychanalyse regroupe deux axes d’études et de réflexions :

-    Un corpus de théories issues de l’expérience analytique, participant à la conceptualisation de l’appareil psychique, ensemble constituant la métapsychologie.
-    Une méthode d’investigation des processus psychiques dans leur ensemble et des significations inconscientes de la parole, du comportement, ou des productions de l’imagination.

Dans la définition qu’en donnait Freud, la psychanalyse est le nom donné à :

-    Un procédé d’investigation des processus psychiques qui autrement sont à peine accessibles,
-    Une méthode de traitement des troubles névrotiques, qui se fonde sur cette investigation (cure psychanalytique)
-    Une série de conceptions psychologiques acquises par ce moyen et qui fusionnent en une discipline scientifique nouvelle (métapsychologie).

Son but ultime n’est pas de « guérir » le symptôme, mais d’ « aboutir à la récupération de ses facultés d’agir, de penser et de jouir de l’existence. »

    La théorie utilisée dans cette approche, inventée par Sigmund Freud vise à mettre au jour, dans le cadre d’une relation dite de transfert les causes et mécanismes inconscients d’une souffrance psychique qui peut se traduire par des conduites symptomatiques : hystérie, phobie, névrose obsessionnelle, névrose traumatique, dépression etc. Elle s’appuie sur l’interprétation de la « névrose de transfert ».

La psychanalyse modélise l’appareil psychique par des « topiques » qui sont des systèmes structurés qui s’articulent entre eux selon une dynamique :

Dés 1895, il élabore une première topique :

-    Celle qui distingue le conscient, le préconscient et l’inconscient.

En 1920, pour résoudre de nombreuses questions qui émergent des cures il crée une seconde topique, elle distingue le CA, pôle pulsionnel inconscient de la personnalité, le MOI qui doit assurer une adaptation à la réalité et aussi responsable de nombreuses défenses pathologiques et le SURMOI qui représente l’intériorisation de l’interdit parental.

Le moteur ou plutôt le carburant qui dynamise tout l’appareil psychique c’est la pulsion : pulsion d’auto-conservation, pulsion sexuelle et pulsion de mort.


Pour Freud la névrose est la pathologie du conflit psychique, sa particularité réside dans le refoulement qui est le conséquence du conflit psychique et des symptômes qui s’ensuivent. L’émergence de la maladie vient du fait de l’impossibilité de satisfaire une pulsion dans la réalité. La guérison emprunte selon Freud trois voies :

-    Suppression de la maladie par réflexion,
-    Les pulsions retrouvent leur voie normale de développement,
-    La sublimation, qui pour Freud serait la meilleure voie, permet à la personne d’investir l’énergie libidinale et/ou agressive dans des activités à contenus non sexuels ou non agressifs.


Les principes de base sont la libre association ( catharsis sans hypnose) permettant l’expression de l’inconscient. Les traumatisme de l’enfance sont analysés à travers le transfert sur l’analyste et le contre-transfert de l’analyste.


Les psychothérapies psychanalytiques désirent se distinguer des autres approches en réduisant au maximum les effets de suggestion pour éviter l’écueil de l’adaptation du sujet à une norme sociale ou culturelle.

Une méthode d’exploration du psychisme :

-    L’interprétation des rêves qui sont pour Freud la voie royale à la connaissance de l’inconscient.
-    Le patronyme du sujet, son lieu de naissance et l’actualité du moment.
-    L’analyse des actes du quotidien : les lapsus, les oublis, les négligences.

Souvenir d’enfance et souvenirs-écrans :


    C’est l’idée que le souvenir-écran doit être interprété, car derrière des événements apparemment anodins, sans intérêt, se cachent les événements les plus importants de la vie du sujet, ce qu’on peut qualifier d’évènements traumatiques.


Une foi dans le déterminisme psychique :

    Principe que Freud attribue à Jung suivant lequel une idée qui se présente à l’esprit ne peut être arbitraire et doit donc avoir un antécédent déterminé.


THERAPIE COMPORTEMENTALE ET COGNITIVE

Les TCC regroupent un ensemble de traitements des troubles psychiques (phobies, addictions, psychoses, dépressions, troubles anxieux…) qui partagent une approche selon laquelle la thérapeutique doit être basée sur les connaissances issues de la psychologie scientifique et obéir à des protocoles relativement standardisés dont la validité est basée sur la preuve.

Les TCC ont pour particularité de s’attaquer aux difficultés du patient dans « l’ici et maintenant » par des exercices pratiques centrés sur les symptômes observables au travers du comportement et par l’accompagnement du thérapeute qui vise à intervenir sur les processus mentaux dit aussi processus cognitifs, conscient ou non, considérés comme à l’origine des émotions et de leurs désordre.

Depuis 1980 le clivage historique entre comportementalisme et cognitivisme tend à disparaître dans la pratique thérapeutique.

Au début du XXème siècle, la célèbre expérience d’Ivan Pavlov sur le conditionnement classique donne naissance au courant comportementaliste en psychologie scientifique : si on présente un stimulus initialement neutre, par exemple un son de cloche, juste avant de donner de la nourriture à un chien et que cela est répété plusieurs fois, le chien finira par saliver en entendant seulement le son, avant même que la nourriture n’arrive. Mais si, par la suite, le son est présenté plusieurs fois sans nourriture, la salivation ne se produira plus ; c’est « l’extinction ».

Mary Cover Jones, en 1924, expérimente la première thérapie comportementale : elle expose peu à peu des enfants à l’objet de leur peur, tout en les récompensant de cette exposition.

Richard L.Solomon en 1953 formalise l’idée même d’exposition, prouvant avec les chiens que si l’exposition est suffisamment longue la phobie disparaît.

En 1952, dans ses recherches sur l’anxiété, Joseph Wolpe propose un traitement dit de « désensibilisation systématique » basé sur le principe d’inhibition réciproque qui consiste à produire un état psychologique incompatible avec l’état anxieux pendant l’exposition à l’objet phobique.

En 1953, Burrhus F.Skinner place le conditionnement opérant au centre de ses travaux, montrant que les individus acquièrent leur comportement, en sélectionnant ceux qui seront positifs pour eux.

Dans les années 50 et 60, de nouvelles thérapies voient le jour. Il y a une recherche vers une « troisième voie » entre le béhaviorisme et la psychanalyse.

Le thérapie rationnelle qu’Albert Ellis élabore à partir de 1953 et qu’il baptisera par la suite « thérapie rationnelle-émotive » repose sur l’idée que les perturbations psychiques sont le reflet d’un dysfonctionnement dans la manière de penser ou d’appréhender le monde sur la base de croyances erronées. La thérapie se focalise donc sur le présent, en cherchant par le biais d’exercices mentaux et d’un travail de rationalisation, à modifier les modes de pensée, les réactions émotionnelles et les comportements plutôt que de revenir sur le passé pour comprendre les origines du trouble.

Le psychiatre Aaron Temkin Beck développe sa propre approche thérapeutique, d’abord autour de la dépression, au début des années 1960, puis s’intéresse aux troubles anxieux. Il propose le terme de « thérapie cognitive » en référence au terme de cognition qui désigne les processus mentaux par lesquels les individus traitent l’information dans leur vie de tous les jours. Cette méthode thérapeutique se démarque franchement des méthodes comportementaliste en se focalisant quasi exclusivement sur les processus mentaux et en particulier sur ce qu’il appellera les « schémas ».

La fusion cognitivo-comportementale

En 1961, Albert Bandura, montre le processus d’imitation dans une expérience avec des enfants de deux ans et demi dont les adultes ont maltraités une poupée.

En 1965, Ayllon et Azrin mettent au point une thérapie basée sur des jetons (récompenses) auprès de sckizophrènes.

En 1970, Marks théorise l’idée d’immersion : il s’agit de confronter, afin de faire disparaître l’anxiété, à des situations de plus en plus effrayantes non plus progressivement mais directement à la plus grande peur du patient par exemple.

Jusqu’en 1980 les thérapies « rationnelle-émotive » d’Ellis et surtout la « thérapie cognitive » de Beck gagnent en popularité dans la psychologie clinique. Ces approches vont fusionner et donner naissance aux psychothérapies cognitivo-comportementales.

Les supports théoriques qu’elles utilisent se référent aux théories de l’apprentissage (Pavlov et Skinner) et au modèle du traitement de l’information. Elle se distingue des autres approches par certaines caractéristiques :

-    Le dialogue est interactif et chaleureux,
-    L’accent est mis sur les causes actuelles du comportement-problème, plus que sur les causes inconscientes,
-    Le changement à court terme et durable du comportement est considéré comme un critère majeur de la réussite de la thérapie,
-    Les procédures de traitement sont décrites objectivement et sont donc reproductibles par d’autres thérapeutes pour des patients ayant des difficultés similaires.

Le style du thérapeute est interactif, il détermine en collaboration avec le patient des objectifs concrets et réalistes et les techniques pour y parvenir.
Les techniques comportementales comprennent :

-    la désensibilisation systématique,
-    plusieurs types d’exposition,
-    le conditionnement opérant,
-    l’apprentissage par imitation,
-    l’affirmation de soi,
-    la démarche de résolution de problème.

Les principales critiques adressées mettent en évidence que ces approches négligeraient une part importante de la dimension humaine psychique, à savoir l’importance du lien entre pensées et émotions, et l’impact de ces dernières sur le comportement.


L’APPROCHE SYSTEMIQUE
Les thérapies familiales

L’histoire de la famille agit sur l’individu. Cet individu transporte avec lui des valeurs, des émotions et des comportements véhiculés par la famille et ceci depuis des générations.

L’anthropologue Grégory Bateson contribue à la naissance de l’approche systémique. Il ne ne s’est pas demandé pourquoi cette personne se comporte de manière folle. Il s’est demandé dans quel système humain, dans quel contexte humain, ce comportement peut faire du sens ?

Nathan Ackerman (1954) psychiatre et psychanalyste New Yorkais fut l’un des premiers à inclure l’ensemble de la famille dans le traitement de problèmes émotifs d’un individu.

Les thérapeutes familiaux ont comparés analogiquement les familles à des systèmes ouverts, en état d’équilibre et les symptômes à ses rétroactions négatives. La famille est perçue comme un système relationnel qui a une organisation, une structure, faite de triangle, de rôles, de règles, de buts et de final Il s’agit d’un système capable d’autorégulation, constitué d’individus ayant des échanges continuels et circulaires entre eux. Cette conception est centrée sur des concepts d’homéostasie et d’auto-correction. Dans le modèle de l’homéostasie tout changement est considéré comme une erreur à corriger ou à freiner.

De la lecture linéaire où les symptômes étaient liés à un traumatisme ou à un conflit venant du passé du patient et relégué dans l’inconscient ou à un désordre organique nous passons à une lecture circulaire montrant l’inter-influence de la communication et du comportement de chacun sur chaque membre du système.

Un exemple de la notion de circularité en comparant ce qui se produit si l’on frappe une roche ou si l’on frappe un chien. La rocha s’éloignera d’une distance proportionnelle au coup porté de façon relativement prévisible. Si l’on frappe un chien il aura une réaction qui sera fonction de sa relation avec celui qui frappe et du sens qu’il donnera à ce geste. Sa réaction sera différente selon qu’il voit la situation comme un jeu ou comme une agression. Il pourra fuir ou mordre. Sa réaction apportera une nouvelle information au sujet de la relation. Cela aura aussi une conséquence sur le comportement ultérieur de l’homme.

Don Jackson a été l’un des penseurs les plus influents dans le développement de la thérapie familiale. Il pensait que la maladie d’un individu pouvait contenir la pathologie du système et protéger la santé mentale de ses membres. Dans les années 1950 Jackson et Jay Haley remarquèrent que la diminution des symptômes chez un membre de la famille pouvait être suivie par l’apparition des symptômes chez un autre membre.

En 1954, Jackson rejoint l’équipe de Palo Alto composée de Bateson, Haley et John Weakland. De cette équipe est née la théorie du double lien dans la schizophrénie. La communication paradoxale joue un rôle prépondérant dans le développement de cette maladie.

Paul Watzlawich et ses collaborateurs formulent dans une logique de la communication les bases d’une axiomatique de la communication :
En 1980 il écrit « l’invention de la réalité » on y voit pas les systèmes humains comme seulement une tendance à l’homéostasie mais aussi comme ayant des possibilités évolutives dans des directions imprévisibles.

Dans la première cybernétique le thérapeute était vu comme étant à l’extérieur du système, l’observant de façon neutre. Dans la deuxième, il est perçu comme faisant partie de la « réalité observée », comme participant à la « co-construction » de la réalité du système : un nouveau système se forme celui de la « famille thérapeute ».
   

Afin d’organiser les informations obtenue sur le système, différents instruments peuvent être utilisés, tels la carte familiale et le génogramme.

Le thérapeute est actif, interventionniste. Il favorise des transformations systémiques en utilisant différentes techniques comme la prescription de tâches comportementales, l’utilisation du recadrage et du paradoxe et le questionnement circulaire.


LA PSYCHOTHERAPIE HUMANISTE
ACP C.Rogers

(Voir dossier sur le blog)


LA PSYCHOTHERAPIE TRANSPERSONNELLE
   

Elle appartient au courant humaniste. Dans sa version occidentale moderne, on identifie l’éclosion de la thérapie transpersonnelle avec le psychologue américain Abraham Maslow (1908-1970) et sa célèbre pyramide des besoins. A la pyramide vient s’ajouter la notion de dépassement de soi et donc de transcendance. Cette nouvelle approche psycho-spirituelle répond au besoin de dépasser le stade de la personnalité et d’explorer un conscience plus vaste de la réalité.

Définition :

 La thérapie transpersonnelle repose sur l’exploration des états de conscience modifiés pour une meilleure connaissance de soi. Ce courant tend vers une psychologie plus en harmonie avec les valeurs spirituelles.
Ces thérapies peuvent élargir l’exploration des souvenirs au-delà de l’enfance, période fœtale par exemple.

Principe :

La thérapie ne  limite pas son action aux problèmes personnels courants mais s’intéresse principalement au dépassement de soi. Selon ce courant, notre souffrance vient de l’enfermement des potentiels de la conscience dans la structure caduque et limitée de l’ego. Ce en quoi elle se rattache à bien des philosophies orientales. C’est pourquoi elle porte toute son attention sur les états modifiés de conscience qui permettent de s’ouvrir à une dimension plus vaste de la réalité. L’objectif est de rencontrer cette part infinie de nous-mêmes, qu’on ne connaît pas, dans cet espace où l’égo abandonne sa place prédominante. Les bienfaits sont avant tout une meilleure compréhension de sa vie et un calme intérieur d’ordre spirituel.

Déroulement :

Les propositions cherchent à provoquer un état de conscience modifié durant lequel la personne se désidentifie de son égo. Plusieurs techniques permettent d’y accéder, elles sont le plus souvent adaptées de traditions spirituelles orientales ou chamaniques. (rêves éveillés, respiration, méditation, yoga, gi kong etc.