Le XVIII ème : « le siècle des lumières »
Jean Jacques Rousseau et la
pédagogie
Dans
les périodes précédentes ce qui saute aux yeux, c’est que l’enfant est défini
non dans sa spécificité, mais seulement en tant qu’adulte en devenir. Ainsi le
projet éducatif ne se structure pas en fonction de ce qui est bon pour l’enfant
mais plutôt en fonction d’un modèle idéalisé de l’adulte.
Les questions suivantes ne sont
pas abordées :
-
Qui est l’enfant ?
-
A t-il des besoins particuliers – si oui lesquels ?
-
A t-il une nature propre – si oui qu’est-ce qui le différencie
de l’adulte ?
-
S’il possède une nature particulière, comment s’effectue le
processus de développement qui mène de l’enfance à la maturité ?
Ce sont des questions auxquelles
Rousseau apportera des réponses originales. Il sera appelé le Copernic de la
pédagogie du fait qu’il ne placera plus l’adulte, mais l’enfant au cœur de
l’éducation de même que Copernic avait décentré le monde des astres.
Le XVIII ème siècle des
lumières :
Le siècle des lumières poussera jusqu’à ces limites
ultimes à la fois les possibilités critiques de l’être humain face aux idées
reçues et aux pouvoirs établis et la valorisation de la raison et de
l’individualisme.
Qu’est-ce que le siècle des
lumières ?
Il signifie le triomphe de la raison et de la rationalité
dans trois champs de l’activité humaine : les sciences, les arts et la
technique.
Fondamentalement optimiste, ont
croit alors que le progrès et le bonheur peuvent être littéralement construits
grâce à la raison.
L’axiome fondamental est à peu
près le suivant : toute réalité matérielle ou morale est analysable.
Quelle idéologie anime ce
siècle ?
Les penseurs et les philosophes
opposent la raison à la foi, à l’autorité et à l’ignorance.
La raison est devenue non
seulement une faculté humaine mais représente aussi une valeur désirable,
inséparable de la recherche de la liberté.
La raison comme faculté
critique :
La philosophie des lumières affirme haut et fort que
l’homme peut se faire une idée rationnelle du monde indépendamment de la
religion. ( L’athéisme se répand en Occident).
Elle s’oppose aux pouvoirs à ceux
de l’église mais aussi à ceux des systèmes monarchiques des rois. Bien que
possédant la raison, tous ne possèdent pas les outils pour l’exercer
adéquatement. Ce sera la tâche de l’instruction.
La raison comme réalité
positive :
La raison s’est imposée comme
réalité positive car loin de se confiner à la seule critique des institutions
existantes, elle oeuvra sur les droits de l’individu, les droits
collectifs et l’universalité du genre humain. Tout cela participe bien sûr
au principe moteur de tout régime démocratique.
Siècle du progrès et de la science :
La raison ne sert pas seulement à
comprendre le monde, mais aussi à agir sur lui. C’est la possibilité de contrôle
sur le monde de l’être humain, en vue de le dominer et de le plier à sa
volonté.
Siècle des
philosophes :
Ils possèdent une arme
redoutable : l’Encyclopédie ou le dictionnaire raisonné des sciences, des
arts et des techniques.
La consolidation de l’économie
de marché :
Il s’étend un mode de production
reposant sur l’économie de marché. Ce système est essentiel à la richesse des
nations européennes. (commerce avec l’Afrique et l’Amérique)
Siècle des bouleversements
politiques et des révolutions :
-
La guerre de sept ans qui opposera la France et l’Angleterre (
1757 – 1763 ) et dont le Canada était l’un des enjeux.
-
La conquête des régions Baltique (1689 – 1726 ) et de la mer
Noire (1762 – 1796 ) par les Russes qui en chassent les Turcs, la guerre de
succession en Pologne ( 1733 – 1739 ), la guerre de succession en Autriche (
1740 – 1748 ), les partages de la Pologne entre la Russie et l’Autriche ( 1772
– 1793 – 1795 ).
-
La révolution américaine ( 1776 – 1783 ) et la révolution
française en 1789
Jean Jacques
Rousseau : le personnage et son œuvre :
Né le 28 juin 1712 en Suisse,
dans la ville de Genève d’un père protestant horloger et d’une mère qui décéda
à sa naissance.
En 1762, la publication de
l’Emile réveille la haine de ses ennemis et doit alors s’enfuir en Suisse, puis
il se réfugie en Angleterre chez le philosophe Hume.
Les apports intellectuels
de Rousseau à son siècle :
Il est un des fondateurs de la
pensée politique moderne. Dans son ouvrage « Du contrat social ou
principes du droit politique » il prône l’égalité de tous les êtres
humains et fonde l’ordre politique sur l’idée du contrat passé entre les
citoyens. Il est novateur en matière de littérature, doublé d’un compositeur et
d’un théoricien de la musique. Il compose un opéra en 1752 ( le divin du
village) et un traité théorique ( lettre sur la musique française en 1753)
Il est individualiste puisque
pour lui l’individu est le fondement de l’ordre social. Il soutient que la
liberté est une caractéristique propre de tout être humain : tous
naissent libres et égaux.
Ayant souffert de la société,
Rousseau la juge globalement nuisible pour l’être humain.
Du contrat social ou
principes du droit politique (1762) :
Il s’agit d’un pacte
d’association où chaque individu s’engagerait volontairement envers l’ensemble
de ses semblables, renonçant en cela à sa liberté individuelle naturelle. En
retour, la société lui assurerait le statut de Citoyen. ( égalité juridique et
morale et liberté civile)
La pensée éducative de
Rousseau :
-
l’enfant est un être humain à l’état de nature ( non dénaturé
par la société),
-
L’éducateur aura pour tâche de former un individu en harmonie
avec son milieu.
-
Eduqué selon la nature, l’enfant apprend la nécessité des
choses sans l’arbitraire des hommes.
Les principes Rousseauiste :
L’homme n’est un moyen mais une
fin et cela passe par trois étapes d’éducation :
-
celle qui vient de la nature ( développement des facultés et
des organes)
-
celle qui vient des hommes (usages de ce développement)
-
celle qui vient des choses ( l’expérience sur les objets)
L’éducation ne doit pas superposer à l’enfant une culture comme
seconde nature artificielle, mais laisser l’enfant se développer librement sans
entraver son développement.
Les lois dans l’éducation
de J.J Rousseau :
Première loi psychologique : la nature a fixé
les lois nécessaires au développement de l’enfant.
Corollaire
pédagogique : L’enseignant doit respecter la marche de l’évolution mentale
de l’enfant.
Deuxième loi psychologique :
l’exercice de la fonction la développe et prépare l’éclosion de fonctions
ultérieures.
Corollaire pédagogique :
L’enseignant doit laisser agir la fonction selon son mode qu’il contrôle, qu’il
guide mais qui ne l’écrase pas par des raisonnements autant livresques et
théoriques prématurés.
Troisième loi psychologique :
l’action naturelle est celle qui tend à satisfaire l’intérêt ou le besoin de
l’enfant.
Corollaire pédagogique :
l’enseignant doit motiver l’enfant à apprendre.
Les conséquences éducatives
des principes et des lois :
Il reçoit le titre de découvreur
de l’enfance comme état fondamental de la vie, état distinct de l’existence
adulte.
La psychologie qu’il propose
s’appuie non sur des principes mais sur l’observation. Il soutient que le
développement de l’enfant passe par différents stades :
-
l’âge des besoins (stade infantile)
-
l’âge du développement des désirs et des sens (l’âge de la
puérilité)
-
l’âge du sens commun ou l’âge de raison (stade intermédiaire
12 – 15 ans)
-
L’âge du mariage, du travail, de la parentalité et de l’exercice
du droit citoyen, après 20 ans.
L’enfant actif et
responsable de son éducation :
Il s’agit en fait de fournir à
l’enfant les outils nécessaires pour qu’il puisse connaître par lui-même
(observation-expérimentation) afin de développer sa capacité de jugement.
Le but de
l’éducation : former un être humain libre.
Ce qu’il faut former, ce n’est pas un type d’homme en
particulier mais l’homme lui-même. Le but ultime de l’éducation est de former
un homme libre. La liberté ne s’apprend pas, elle se déploie dans l’activité
humaine. On ne peut apprendre à être libre, car la liberté est inscrite dans la
nature même de l’être humain.
Manières d’éduquer :
l’éducation négative.
« Jeune instituteur, je vous prêche un art
difficile, c’est de gouverner sans préceptes et de tout faire en ne faisant
rien. »
« Rendez votre élève
attentif aux phénomènes de la nature, bientôt vous le rendrez curieux ;
mais pour nourrir sa curiosité, ne vous pressez jamais de la satisfaire. Mettez
les questions à sa portée et laissez les lui résoudre, qu’il ne sache rien
parce que vous le lui avez dit, mais parce qu’il l’a compris lui-même, qu’il
n’apprenne pas la science, qu’il l’invente. »
L’enfant apprend par sa propre
expérience face aux choses. Il doit évoluer dans un monde purement physique,
sans morale.
Dans cette perspective le rôle de
l’éducateur consiste principalement à protéger l’élève contre les méfaits de la
société, contre les influences néfastes de la culture et son cortège de
corruptions et de préjugés.
Rousseau a donc élaboré une
pédagogie active (l’enfant participe au processus), concrète et essentiellement
utilitaire axée sur l’expérimentation. Il faut que l’enfant se plaise à
s’instruire.
Tableau comparatif entre la
pédagogie du XVIII ème et l’idéal formulé par Rousseau
La pédagogie
établie au XVIII ème siècle
|
La formulation
d’un nouvel idéal selon par Rousseau
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La conception de l’enfant ou
de l’apprenant
La conception du maître ou
de l’enseignant
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L’enfant doit imiter le plus
possible l’adulte, qui est son modèle. Sur le plan éducatif, l’enfant n’est
donc qu’un moyen dont la fin réside dans l’adulte.
Le maître constitue le pôle
important et actif de la relation pédagogique. L’enfant doit essentiellement
écouter. Le savoir coule du maître vers l’élève.
|
L’enfant est son propre modèle.
Il est naturellement bon et libre. Il est même meilleur que l’adulte, car ce
dernier est corrompu par la civilisation.
Le maître constitue le pôle
secondaire de la relation pédagogique. Il doit être au service de l’enfant.
Le savoir naît de l’enfant.
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Comment s’y prendre :
les moyens proposés dans les écoles
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Comment s’y prendre :
les moyens proposés par Rousseau
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La conception de
l’apprentissage
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L’apprentissage se fait de
façon traditionnelle obéissante et imitation des modèles, sophistique et
rhétoriques.
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L’apprentissage part du
principe que l’être humain possède en lui-même la raison. L’éducation cherche
à favoriser le développement de l’homme complet
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