jeudi 7 février 2013

J.J Rousseau et la pédagogie


Le XVIII ème : « le siècle des lumières »
Jean Jacques Rousseau et la pédagogie

Dans les périodes précédentes ce qui saute aux yeux, c’est que l’enfant est défini non dans sa spécificité, mais seulement en tant qu’adulte en devenir. Ainsi le projet éducatif ne se structure pas en fonction de ce qui est bon pour l’enfant mais plutôt en fonction d’un modèle idéalisé de l’adulte.

Les questions suivantes ne sont pas abordées :

-         Qui est l’enfant ?
-         A t-il des besoins particuliers – si oui lesquels ?
-         A t-il une nature propre – si oui qu’est-ce qui le différencie de l’adulte ?
-         S’il possède une nature particulière, comment s’effectue le processus de développement qui mène de l’enfance à la maturité ?

Ce sont des questions auxquelles Rousseau apportera des réponses originales. Il sera appelé le Copernic de la pédagogie du fait qu’il ne placera plus l’adulte, mais l’enfant au cœur de l’éducation de même que Copernic avait décentré le monde des astres.

Le XVIII ème siècle des lumières :


Le siècle des lumières poussera jusqu’à ces limites ultimes à la fois les possibilités critiques de l’être humain face aux idées reçues et aux pouvoirs établis et la valorisation de la raison et de l’individualisme.

Qu’est-ce que le siècle des lumières ?

Il signifie le triomphe de la raison et de la rationalité dans trois champs de l’activité humaine : les sciences, les arts et la technique.

Fondamentalement optimiste, ont croit alors que le progrès et le bonheur peuvent être littéralement construits grâce à la raison.

L’axiome fondamental est à peu près le suivant : toute réalité matérielle ou morale est analysable.

Quelle idéologie anime ce siècle ?

Les penseurs et les philosophes opposent la raison à la foi, à l’autorité et à l’ignorance.

La raison est devenue non seulement une faculté humaine mais représente aussi une valeur désirable, inséparable de la recherche de la liberté.

La raison comme faculté critique :

La philosophie des lumières affirme haut et fort que l’homme peut se faire une idée rationnelle du monde indépendamment de la religion. ( L’athéisme se répand en Occident).
Elle s’oppose aux pouvoirs à ceux de l’église mais aussi à ceux des systèmes monarchiques des rois. Bien que possédant la raison, tous ne possèdent pas les outils pour l’exercer adéquatement. Ce sera la tâche de l’instruction.

La raison comme réalité positive :

La raison s’est imposée comme réalité positive car loin de se confiner à la seule critique des institutions existantes, elle oeuvra sur les droits de l’individu, les droits collectifs et l’universalité du genre humain. Tout cela participe bien sûr au principe moteur de tout régime démocratique.

Siècle du progrès et de la science :

La raison ne sert pas seulement à comprendre le monde, mais aussi à agir sur lui. C’est la possibilité de contrôle sur le monde de l’être humain, en vue de le dominer et de le plier à sa volonté.

Siècle des philosophes :

Ils possèdent une arme redoutable : l’Encyclopédie ou le dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des techniques.

La consolidation de l’économie de marché :

Il s’étend un mode de production reposant sur l’économie de marché. Ce système est essentiel à la richesse des nations européennes. (commerce avec l’Afrique et l’Amérique)

Siècle des bouleversements politiques et des révolutions :

-         La guerre de sept ans qui opposera la France et l’Angleterre ( 1757 – 1763 ) et dont le Canada était l’un des enjeux.

-         La conquête des régions Baltique (1689 – 1726 ) et de la mer Noire (1762 – 1796 ) par les Russes qui en chassent les Turcs, la guerre de succession en Pologne ( 1733 – 1739 ), la guerre de succession en Autriche ( 1740 – 1748 ), les partages de la Pologne entre la Russie et l’Autriche ( 1772 – 1793 – 1795 ).

-         La révolution américaine ( 1776 – 1783 ) et la révolution française en 1789

Jean Jacques Rousseau : le personnage et son œuvre :

Né le 28 juin 1712 en Suisse, dans la ville de Genève d’un père protestant horloger et d’une mère qui décéda à sa naissance.
En 1762, la publication de l’Emile réveille la haine de ses ennemis et doit alors s’enfuir en Suisse, puis il se réfugie en Angleterre chez le philosophe Hume.

Les apports intellectuels de Rousseau à son siècle :

Il est un des fondateurs de la pensée politique moderne. Dans son ouvrage « Du contrat social ou principes du droit politique » il prône l’égalité de tous les êtres humains et fonde l’ordre politique sur l’idée du contrat passé entre les citoyens. Il est novateur en matière de littérature, doublé d’un compositeur et d’un théoricien de la musique. Il compose un opéra en 1752 ( le divin du village) et un traité théorique ( lettre sur la musique française en 1753)
Il est individualiste puisque pour lui l’individu est le fondement de l’ordre social. Il soutient que la liberté est une caractéristique propre de tout être humain : tous naissent libres et égaux.

Ayant souffert de la société, Rousseau la juge globalement nuisible pour l’être humain.

Du contrat social ou principes du droit politique (1762) :

Il s’agit d’un pacte d’association où chaque individu s’engagerait volontairement envers l’ensemble de ses semblables, renonçant en cela à sa liberté individuelle naturelle. En retour, la société lui assurerait le statut de Citoyen. ( égalité juridique et morale et liberté civile)

La pensée éducative de Rousseau :

-         l’enfant est un être humain à l’état de nature ( non dénaturé par la société),
-         L’éducateur aura pour tâche de former un individu en harmonie avec son milieu.
-         Eduqué selon la nature, l’enfant apprend la nécessité des choses sans l’arbitraire des hommes.

Les principes Rousseauiste :

L’homme n’est un moyen mais une fin et cela passe par trois étapes d’éducation :

-         celle qui vient de la nature ( développement des facultés et des organes)
-         celle qui vient des hommes (usages de ce développement)
-         celle qui vient des choses ( l’expérience sur les objets)

L’éducation ne doit pas  superposer à l’enfant une culture comme seconde nature artificielle, mais laisser l’enfant se développer librement sans entraver son développement.

Les lois dans l’éducation de J.J Rousseau :

Première loi psychologique : la nature a fixé les lois nécessaires au développement de l’enfant.

Corollaire pédagogique : L’enseignant doit respecter la marche de l’évolution mentale de l’enfant.

Deuxième loi psychologique : l’exercice de la fonction la développe et prépare l’éclosion de fonctions ultérieures.

                        Corollaire pédagogique : L’enseignant doit laisser agir la fonction selon son mode qu’il contrôle, qu’il guide mais qui ne l’écrase pas par des raisonnements autant livresques et théoriques prématurés.

Troisième loi psychologique : l’action naturelle est celle qui tend à satisfaire l’intérêt ou le besoin de l’enfant.

                        Corollaire pédagogique : l’enseignant doit motiver l’enfant à apprendre.

Les conséquences éducatives des principes et des lois :

Il reçoit le titre de découvreur de l’enfance comme état fondamental de la vie, état distinct de l’existence adulte.
La psychologie qu’il propose s’appuie non sur des principes mais sur l’observation. Il soutient que le développement de l’enfant passe par différents stades :

-         l’âge des besoins (stade infantile)
-         l’âge du développement des désirs et des sens (l’âge de la puérilité)
-         l’âge du sens commun ou l’âge de raison (stade intermédiaire 12 – 15 ans)
-         L’âge du mariage, du travail, de la parentalité et de l’exercice du droit citoyen, après 20 ans.

L’enfant actif et responsable de son éducation :

Il s’agit en fait de fournir à l’enfant les outils nécessaires pour qu’il puisse connaître par lui-même (observation-expérimentation) afin de développer sa capacité de jugement.

Le but de l’éducation : former un être humain libre.

Ce qu’il faut former, ce n’est pas un type d’homme en particulier mais l’homme lui-même. Le but ultime de l’éducation est de former un homme libre. La liberté ne s’apprend pas, elle se déploie dans l’activité humaine. On ne peut apprendre à être libre, car la liberté est inscrite dans la nature même de l’être humain.

Manières d’éduquer : l’éducation négative.

« Jeune instituteur, je vous prêche un art difficile, c’est de gouverner sans préceptes et de tout faire en ne faisant rien. »

« Rendez votre élève attentif aux phénomènes de la nature, bientôt vous le rendrez curieux ; mais pour nourrir sa curiosité, ne vous pressez jamais de la satisfaire. Mettez les questions à sa portée et laissez les lui résoudre, qu’il ne sache rien parce que vous le lui avez dit, mais parce qu’il l’a compris lui-même, qu’il n’apprenne pas la science, qu’il l’invente. »

L’enfant apprend par sa propre expérience face aux choses. Il doit évoluer dans un monde purement physique, sans morale.

Dans cette perspective le rôle de l’éducateur consiste principalement à protéger l’élève contre les méfaits de la société, contre les influences néfastes de la culture et son cortège de corruptions et de préjugés.

Rousseau a donc élaboré une pédagogie active (l’enfant participe au processus), concrète et essentiellement utilitaire axée sur l’expérimentation. Il faut que l’enfant se plaise à s’instruire.
Tableau comparatif entre la pédagogie du XVIII ème et l’idéal formulé par Rousseau





La pédagogie établie au XVIII ème siècle


La formulation d’un nouvel idéal  selon par Rousseau

La conception de l’enfant ou de l’apprenant



La conception du maître ou de l’enseignant



L’enfant doit imiter le plus possible l’adulte, qui est son modèle. Sur le plan éducatif, l’enfant n’est donc qu’un moyen dont la fin réside dans l’adulte.

Le maître constitue le pôle important et actif de la relation pédagogique. L’enfant doit essentiellement écouter. Le savoir coule du maître vers l’élève.

L’enfant est son propre modèle. Il est naturellement bon et libre. Il est même meilleur que l’adulte, car ce dernier est corrompu par la civilisation.

Le maître constitue le pôle secondaire de la relation pédagogique. Il doit être au service de l’enfant. Le savoir naît de l’enfant.




Comment s’y prendre : les moyens proposés dans les écoles


Comment s’y prendre : les moyens proposés par Rousseau

La conception de l’apprentissage




L’apprentissage se fait de façon traditionnelle obéissante et imitation des modèles, sophistique et rhétoriques.

L’apprentissage part du principe que l’être humain possède en lui-même la raison. L’éducation cherche à favoriser le développement de l’homme complet


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