L’EMPATHIE
L’empathie est un concept
nomade au carrefour du développement psychique, de l’imagerie médicale et
des théories de l’esprit, migrant d’une discipline à l’autre, de l’éthique à
l’esthétique, à la philosophie, à la sociologie, à la psychologie, voire à la
théologie lorsqu’elle concerne la compassion.
Son aspect composite,
multifactoriel est prouvé par la variété hétérogène des symptômes mettant en
cause des zones cérébrales diverses et complexes : il existe en effet des
incapacités à ressentir des émotions, à se représenter celles
d’autrui tout comme il existe des incapacités à adopter la perspective
subjective d’autrui ou à distinguer le soi d’autrui.
I - Théories et théoriciens de l’empathie :
Le terme empathie a été créé en
allemand (Einfühlung, « ressenti de l’intérieur ») par le philosophe Robert
Vischer (1847 – 1933) pour désigner l’empathie esthétique, le mode de
relation d’un sujet avec une œuvre d’art permettant d’accéder à son sens.
Le mot « empathie » fut par la suite réutilisé
en philosophie de l’esprit par Théodor Lipps ( 1851 – 1914 )pour
désigner dans ses écrits, le processus par lequel « un observateur se
projette dans les objets qu’il perçoit ». Par la suite, Lipps introduisit
la dimension affective dont héritera notre conception moderne.
Le terme a ensuite était repris par Karl Jaspers
(1883 – 1969 Psychiatre et philosophe allemand ) puis par Sigmund Freud.
( 1856 – 1939 )
Au cours du XXè siècle, le
concept d’empathie se répand dans les sciences humaines. Cette notion a fait
l’objet de nombreuses réflexions en psychiatrie en psychanalyse avec les
théories de Heinz Kohut ( 1913 – 1981 Psychanalyste Viennois) et de la
part de théoriciens et praticiens de la relation notamment Carl Rogers.
( 1902 – 1987 ).
Dans l’étude des relations
interindividuelles, on distingue l’empathie de la sympathie, de
la compassion ou de la contagion émotionnelle.
II - Empathie, sympathie,
compassion et contagion émotionnelle :
La réponse empathique aux
états affectifs d’autrui se produit sans que l’on ressente soi même la même
émotion ou même une émotion quelle qu’elle soit.
Elle est une réponse
motivationnelle qui repose sur une proximité affective avec qui en est l’objet
et vise à améliorer son bien-être.
Dans la contagion émotionnelle
la personne éprouve le même état affectif qu’une autre sans conserver la
distance entre soi et autrui.
La compassion vient du latin,
« cum-patire », « souffrir, éprouver avec ».est le sentiment par lequel on est
porté à percevoir ou ressentir la souffrance des autres, et poussé à y
remédier. . « Pitié » et « apitoiement »« commisération »« miséricorde »
signifient originellement compassion.
Elle ne possède pas cette
composante poussant à agir pour améliorer le sort d’autrui mais se résume à une
affliction pour les souffrances d’autrui.
Dans l’interprétation de Lauren
Wispé « Dans l’empathie le soi est le véhicule pour la compréhension
d’autrui, et il ne perd jamais son
identité. La sympathie par contre, vise à la communication plus qu’à
l’exactitude et la conscience de soi est réduite plutôt qu’augmentée. »
« L’objet de l’empathie est
la compréhension. L’objet de la sympathie est le bien-être de
l’autre. En somme, l’empathie est un mode de connaissance ; la
sympathie est un mode de rencontre avec autrui. »
Les recherches récentes ont amené
à distinguer le concept d’empathie émotionnelle qui désigne la capacité
à comprendre les états affectifs d’autrui et le concept d’empathie cognitive,
qui consiste à comprendre les états mentaux d’autrui.
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